La guitare électrique constitue à elle seule un cas particulier dans l’univers de la prise de son. Sa lointaine parenté avec l’instrument acoustique ne nous est pas ici d’un grand secours : si la qualité de lutherie reste déterminante, bien d’autres facteurs entrent désormais en ligne de compte puisqu’il s’agit d’enregistrer un signal amplifié !

A la prise

En mode réamping

Par précaution je prends désormais toujours le signal DI de la guitare brute. Je ne suis pas certain qu’il me serve mais à l’inverse, il peut me sauver la vie en cas de problème! Si vous optez pour cette solution de reconstruction du son, attention toutefois à ne pas trop vous éloigner de la nature de l’original ! Le guitariste aura joué en s’appuyant sur sa sonorité du moment; l’ampli, les réverbes ou le delai lui auront donné une enveloppe et des longueurs de notes avec lesquelles il aura interagit. Dans ce cas de figure, même si vous ne l’intégrez pas au mix, l’audio traité vous servira au minimum de référence.

La voie royale : Il s’agit de la prise de son de l’ampli. Evidemment, vous vous en doutiez… elle seule permet de capturer une énergie live authentique! Rien ne vaut une vraie prise de son acoustique d’ampli bien réalisée. Elle peut même abriter des secrets de fabrication et s’avérer unique car impossible à reproduire!

Vous serez d’accord avec moi : le son de Brian May est reconnaissable entre tous ! En fait, le guitariste de Queen utilise un procédé très original. Visionnez les vidéos dans lesquelles il apparaît et regardez les clichés des gros plans de sa guitare. Vous observerez tout d’abord que ce n’est pas le jack de Monsieur « Tout-le-monde » qui en sort mais… un connecteur assez imposant et large. Observez le deuxième plan, maintenant. Ce n’est pas un ou deux Vox AC-30 qui se chargent de l’amplifier mais plutôt 6 ou plus souvent, douze ! La raison en est simple. Les micros de sa guitare sont indépendants et câblés individuellement. Le son de chaque corde est envoyé à un ou deux amplis. Ainsi, il peut recourir à une distorsion musclée et garder un son « filé » et super propre puisque les notes considérablement enrichies en harmoniques n’interfèrent pas les unes par rapport aux autres ! Il est ainsi le seul à pouvoir plaquer des accords pleins très saturés avec un tel rendu… Malin, non ? Et surtout terriblement efficace !

Au mixage,

Les guitares très saturées ont tendance à se linéariser et, pour les percevoir plusieurs procédés peuvent être utilisés. Si les EQ se sont montrées discrètes durant la prise, elles doivent vous aider à cerner efficacement le spectre utile durant le mix. Nos guitares ont vite tendance à vouloir occuper tout le spectre et s’il y a un instrument pour lequel il est intéressant de le façonner, c’est bien celui-ci. Comme souvent en mix, il faut penser cohabitation. En dehors des apports de couleurs qui viendront renforcer une intention de départ, l’égalisation nous permettra de discipliner des fréquences qui concurrencent les autres parties de l’arrangement.

La tentation peut être grande de penser que tout a été fait, en matière de son de guitare. Il reste pourtant beaucoup à inventer mais l’essentiel, lorsqu’on veut valoriser cet instrument, est souvent de s’attacher à retranscrire l’énergie du jeu, celle qui a été « performée » par le guitariste !