Traditionnellement, c’est souvent par elle qu’on débute un mixage, (il ne faut pas que ce soit systématique, pourtant!) car elle sert de charpente à l’arrangement. Il est pourtant moins simple de mixer une batterie qu’on ne pourrait le croire ! Il y a un abîme entre le « minimum syndical » d’un traitement tout juste correct et les tracks punchy, inventives et professionnelles qui peuvent tirer votre titre vers le haut et il est conseillé de disposer d’une véritable panoplie de trucs et astuces qui donneront vie et intérêt à vos « drums track » et vous tireront d’affaire dans les cas de figure les plus complexes.
Tout commence bien sûr par l’écoute
Comme ce volet fait suite à quelques 8 articles traitant de l’enregistrement de l’instrument, nous supposons que vous l’avez… bien enregistré ! Nous envisagerons tout de même le cas de figure dans lequel vous découvrez des prises réalisées à l’extérieur.
Dans un cas comme dans l’autre, bien mixer, c’est bien écouter ! Il vous faut évaluer à la fois ce que les pistes contiennent et le rôle qu’elles devront jouer. Le rendu doit être taillé sur mesure et prendre parfaitement sa place dans le morceau. Côté technique, la dynamique, le timbre et l’espace vont conditionner la manière dont la batterie sera perçue. Côté artistique il faudra surtout veiller à la mise en place, à l’inventivité et à la bonne adéquation entre les pistes enregistrées et la fonction qu’elles occupent au sein de l’arrangement.
Comment gérer la succession enregistrement-mix ?
Reprenons notre cas de figure initial : vous avez enregistré la batterie il y a 2 jours, 2 semaines ou 2 mois. Le batteur est parti, satisfait de cette séance qui s’est déroulée pour le mieux et vous devez maintenant la mixer : tout est enfin dans la boite! Le premier facteur que vous devez prendre en compte est le temps qui s’est écoulé entre ces deux phases de travail. Voyons le bon côté des choses : cette pause forcée vous aura apporté fraicheur et objectivité ! Efforcez-vous, d’ailleurs, de ne jamais mixer juste après vos prises ; les énergies sont trop différentes et vous manquerez cruellement de recul. Influencé par la séance qui vient de se dérouler, vous « sur-mixerez » ou « sous-mixerez » presque à coup sûr ces pistes fraichement enregistrées. Le revers de cette temporisation? Vous allez devoir gérer une disparition partielle de vos points de repère. En général on conseille aux débutants d’observer le principe de la prise de son la plus neutre possible; personnellement j’enregistre toujours au moins une mémoire de ma balance d’écoute durant les prises. Si mes choix se confirment, elle servira de base de départ à mon mix, si avec un peu de distance, je suis moins enthousiaste et que je ne l’utilise pas, je peux tout aussi bien décider de m’en inspirer partiellement ou de m’en éloigner. Quels que soient les cas de figure, elle reste une référence qui me relie au moment de son enregistrement. N’oublions pas que cette balance a certainement été partagée avec le batteur et peut-être même avec le producteur ! Ils s’y sont donc forcément habitués et vous pouvez au moins l’utiliser comme une base de dialogue !
La batterie dans l’arrangement
Nous l’avons dit, il est très important de contextualiser vos drums et de les mettre en rapport avec l’arrangement qu’elles soutiennent. Il faut absolument détecter les éléments qui vont compliquer ou même interdire le mélange. Bien entendu, s’agissant d’un élément de charpente à vocation rythmique, c’est de ce côté-là qu’il faudra chercher en premier ; la mise en place ! Si une piste de percussions tourne tout le long du morceau avec un groove un peu différent, elle peut vite vous conduire dans le mur. Si vous prenez le train en marche et n’êtes que le mixeur, n’hésitez pas à écouter les instruments par paires afin d’essayer de détecter les éventuels conflits ! Si, lorsque vous coupez cette percussion, la batterie reprend sa place et que la gêne cesse… alors il va falloir choisir ! Si vous avez participé aux enregistrements, il y a fort à parier que vous ayez repéré les zones de frottement bien en amont ! Débarrassez-vous de tout affect à ce niveau ! Si ça ne passe pas, il faut éliminer le fauteur de trouble ! Si vous tenez à cette couleur, tentez de raccourcir le « patern » rythmique. Il arrive que l’incompatibilité tienne sur un temps ou deux ! Tentez les interruptions ! A l’opposé, la basse est souvent un complément indissociable de la batterie et leur fonctionnement est presque toujours interdépendant. Cette paire-là est donc à écouter et vérifier en premier. Elle doit impérativement fonctionner ! Dans des cas ultimes, la soudure est telle que tout ou presque repose sur ce binôme.
Avant tout l’editing
Lorsque vous préparez vos pistes pour le mélange, ne vous lancez pas tout de suite dans d’incroyables traitements : compressions triggées, émulations de machines à lampes ou délais complexes. Commencez par le début ! Si vos pistes sont sales ou encombrées, si les régions cliquent lorsqu’elles se joignent, revisitez d’abord les fades et faites le ménage ! Votre séance doit débuter logiquement et simplement ! Vous devez toujours garder l’image mentale du cheminement du signal. Rappelez-vous, plus il y a de robinets… plus ça fuit ! Si la mise en place doit vraiment être revisitée, soyez précautionneux.
Pour pouvoir bouger indépendamment les éléments d’une batterie acoustique, la diaphonie doit être très faible sous peine d’entendre l’ancien placement de caisse claire… en plus du nouveau dans les ambiances! Quelquefois, il vaut bien mieux copier-coller quelques mesures de l’ensemble des pistes que de vouloir à tout prix recaler les événements un par un ! Attention avant de vous lancer dans les « recalages » l’arbre cache souvent la forêt. Lorsque vous aurez entamé ce processus fastidieux et irréversible, vous risquez de découvrir d’autres décalages plus gênants encore ! Si vous vous lancez, le bon choix de la référence rythmique reste primordial dans l’éditing. Votre grille et le métronome sont de très bons indicateurs mais ils ne sont pas suffisants ! Vous pouvez fort bien avoir un morceau qui tourne globalement très « au fond du temps » et qui ne sera pas parfaitement ajusté sur la grille graphique du titre. Vous pouvez également tenter les quantizing progressifs et intelligents des fonctions avancées de vos logiciels.
Ne vous contentez pas de ce qu’aura fait le soft!! Faites marcher vos oreilles et votre discernement!
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Bonjour Mr Pierre Jacquot
Pour ma part étant batteur, je suis très satisfait de votre exposé si bien préparé, explicite à la foi, je souhaiterai vivement vs rencontré afin de tirer profit de votre expérience et conseils nous voulons vs faire écouter un projet, nous recherchons la ou les personnes compétentes afin de ns éclairés ou travailler sur les mixages . Très bonne semaine