Commençons par le placement du micro voix !

Bien entendu, il faut rester attentif à une mise en œuvre soignée lorsqu’on emploie des micros qui sont assez sensibles pour capter la respiration ou les chuchotements d’une voix.

Cette précaution s’impose d’autant plus que nous sommes en proximité ! Nombre d’artéfacts vont apparaître, du fait de ce « close-miking » ! Vous n’aurez jamais de problème de sifflantes ou de plosives sur une voix lyrique prise à distance !

Encore une fois, un capteur milieu de gamme parfaitement maîtrisé donnera de meilleurs résultats qu’un incroyable collector mal placé, même s’il est en parfaite condition ! Si un micro se distingue par sa couleur et sa sensibilité, il ne faut pas oublier ses caractéristiques de directivité. Il est d’ailleurs assez fréquent de retrouver des déclinaisons cardioïdes de certains micros qui sont souvent plus accessibles que leurs homologues offrant un choix plus étendu de directivités. Le choix du micro cardioïde est souvent celui qui est retenu de facto dans une prise voix. Attention, la directivité d’un capteur n’est pas tout à fait homogène dans le spectre et les aigus demanderont souvent une position plus axiale que le reste du spectre. L’exemple le plus évident est le fameux effet de manque de présence lorsqu’un interprète tourne accidentellement la tête lors d’une prise. Il existe toutefois deux exceptions notables à la préférence systématique d’un cardioïde. Une très belle acoustique peut vous donner envie de valoriser un peu votre pièce. Une sélection omni directionnelle reste rare mais en revanche, le sub ou hypo-cardioïde peut donner des résultats intéressants puisque son supplément de sensibilité latérale s’accompagne d’un rendu spectral plus chaleureux. Attention, inutile de vous aventurer dans cette direction si vous enregistrez dans une cabine de 10 m3 ! A l’inverse, si malgré cette directivité, l’ambiance de votre pièce un peu trop réfléchissante reste perceptible, vous pouvez amortir les réflexions indésirables en utilisant les écrans sonores.

Si je ne suis pas un très grand fan de ces accessoires, je dois bien reconnaitre qu’en environnement domestique un peu bruyant ou un peu réfléchissant, ils peuvent sauver la situation. Attention, généralement le résultat manque de vie et il faut souvent le situer dans une acoustique reconstruite.

La deuxième exception concerne les duos dans lesquels le choix bidirectionnel s’avère souvent une option judicieuse. Votre micro sera sensible sur ses deux faces, pour chacune des voix, et offrira un affaiblissement, (une réjection) latéral qui favorisera leur séparation.

Le paramètre de la distance entre l’interprète et la capsule est également déterminant. Nous l’avons dit, les capsules larges sont plus sensibles à l’effet de proximité. Il faut donc en jouer et ne pas hésiter à tester l’effet obtenu. Je gère souvent ce paramètre grâce à ma hauteur de positionnement afin d’en garder seul la maîtrise. A la recherche de la présence idéale de sa voix dans le casque, un chanteur peut toujours s’approcher ou s’éloigner sans que je me rende véritablement compte des modifications qu’il aura apportées à ma proposition de départ. En revanche, un peu à la manière des enregistrements d’époque, on peut positionner le micro sur une potence lourde, haute et stable et le placer légèrement en hauteur sur une suspension.

 

Le poids et la stabilité du support m’auront un peu affranchi des bruits solidiens transmis par le sol, la suspension et un bon arrimage du câble seront également indispensables afin de filtrer le reste des vibrations. Si votre revêtement de sol est un bruyant, si votre plancher craque, n’hésitez pas à employer un tapis pour rendre les mouvements de l’interprète plus silencieux.

 

En utilisant cette disposition, avec un peu de chance, je pourrai même me dispenser de la traditionnelle grille anti-pop et éviter ainsi le léger filtrage aigu qui l’accompagne. Les pops étant dus au flux d’air qui frappe directement la capsule, le fait de s’être un peu éloigné de l’axe horizontal de la voix permet normalement de les éviter

 

Lorsque l’on emploie cette disposition faciale traditionnelle, il n’est pas question de se dispenser du filtre anti-pop. En revanche, une position haute, dirigée vers le bas conservera proximité et précision en évitant naturellement les plosives et mêmes la plupart de sifflantes. Si certains d’entre vous se demandent s’il est préférable d’orienter la capsule d’un gros statique vers le bas, sachez qu’il s’agit surtout d’une précaution qui était liée à l’utilisation d’anciens micros à lampes de type « long body » Le corps du micro étant situé au plus haut, la dissipation thermique était meilleure et le micro était simplement mieux refroidi.

Encore un petit secret ? Il m’arrive d’employer une petit stratagème afin d’éviter que l’artiste ne lève instinctivement la tête et m’envoie soudainement un énorme pop : J’emploie un micro que je n’utiliserai probablement pas, et que je désigne comme le micro principal dont il ne faut surtout pas s’éloigner. Ainsi l’interprète se concentre sur le micro factice et s’applique à lui envoyer consciencieusement son énergie… à quelques centimètre et hors-axe de celui qui me sert vraiment à capter les moindres nuances vocale ! Machiavélique.. mais efficace !

Je vous parlerai préamplificateurs, lors de mon prochain article!