Portrait Tete from KR

Mixer, oui ! Mais une session « brouillon » va t elle pouvoir vous mener à un mix clair et expressif ? Quelles « opérations magiques » de préparation vont nous permettre d’assembler et d’harmoniser tous ces sons ? Nous avons reçu nombre de projets qui auraient dû être directement « mixables » ! Ils auraient dû l’être… oui… mais nous avons souvent dû les reprendre, piste par piste afin de les rendre utilisables ! Vous ne pouvez y couper… Il va falloir éditer, nettoyer et choisir, même! Avant même de vouloir faire sonner, il vous faut des pistes prêtes à être mixer!

Jusque là, nous avions nommé et agencé nos tracks. Elles étaient rassemblées de manière fonctionnelle et vous pensiez pouvoir vous faire une idée précise du morceau et le mixer directement. Aujourd hui, il faut bien le reconnaître, certaines gênes apparaissent à l’écoute. Examinons les choses en détail. La batterie n est pas très en place, la basse est un peu sale et peu définie, les fréquences se chevauchent, la grosse caisse ou le grave du piano « empêchent la basse de sonner et certains éléments donnent le sentiment de saturer rapidement. Les silences ne sont pas propres. Les plosives de la voix sortent de notre équilibre de manière tonitruante, les « s » n en finissent pas de siffler et menacent d accrocher la moindre velléité de reverb Bref, sans savoir l’expliquer véritablement vous percevez le malaise. Les ingrédients ne sont pas prêts à être mélangés, ils doivent être préparés.

Vous ne pouvez l’éviter; il faut reprendre vos pistes une par une et faire un inventaire précis des problèmes rencontrés. Profitez donc de cette écoute minutieuse pour prendre des repères de mix, la structure, les passages « encombrés » ou les manques. N hésitez pas à prendre des notes avant de vous habituer aux défauts du titre que vous allez entendre à de très nombreuses reprises. Rappelez vous : vous n êtes jamais plus proche de l écoute de l auditeur final (et c’est pour lui que vous mixez en priorité, non ?), que lors de votre première écoute ! Par définition, elle ne se reproduira pas ; il faut donc impérativement consigner vos impressions.

Si vous découvrez complètement le titre, sachez décoder l’arrangement. Lors d enregistrements novices, la peur de l’espace sonore, encore un peu vide à ce stade, conduit souvent le musicien à  « en rajouter » afin de meubler. Dans un deuxième temps, lorsque les pistes de complément arrivent, le manque de place se fait infailliblement sentir ! L ensemble étant encombré, il va falloir jouer de la censure en sacrifiant certains passages ou même certains instruments. Lue graphiquement, l occupation du spectre par les divers exécutants peut s avérer utile. Mais quand est ce que ce satané chant de basse à l octave va enfin s arrêter pour laisser la place à l arpège de guitare ?

Figure 1 Spectre - Instruments

Où l’on démontre qu’une simple formation guitare, basse, batterie et voix pose d’ores et déjà des problèmes de répartition du spectre. Ne parlons pas des claviers qui peuvent occuper tout ou partie du spectre… sans limite !