Continuons à parcourir notre petit panorama des micros de voix:

Parallèlement aux ténors du genre, des troupeaux de micros exotiques « discount » et à  larges diaphragmes débarquent depuis quelques années sur nos rivages. Peuvent-ils vraiment concurrencer les ténors du genre qui valent jusqu’à 10 ou 20 fois plus cher ? Personnellement je ne le pense pas. (Je ne suis pas le seul !) Mon expérience m’a souvent démontré que beaucoup de ces capteurs étaient très inégaux entre eux, (ils étaient donc difficiles à appairer dans de bonnes conditions), qu’ils vieillissaient plutôt mal, et surtout qu’ils n’offraient pas vraiment la rigueur timbrale ou dynamique que l’on est en droit d’attendre des références du genre. Aujourd’hui, si je devais composer avec un budget limité, je leur préfèrerais clairement les entrées de gamme des grands constructeurs. Par ailleurs, certains capteurs plus récents ont tenté d’apporter une esthétique moderne à la discipline. Je pense notamment à l’excellent C800G Sony qui, tout en gardant une gestion des graves et des mediums assez fidèle au genre, s’efforçait d’être plus performant dans les hautes fréquences. Le producteur Hugh Padgham était d’ailleurs friand de ce micro dans le milieu des années 80 sur les enregistrements de Sting. Les choix restent vastes et de nombreux raisonnables peuvent être dédiés à cet usage.

Sur ces deux clichés issus d’une grosse séance que j’avais réalisée à Davout, deux conceptions radicalement différentes et deux générations de grands micros voix s’affrontent. Un U47 Neumann à lampe et un C800G Sony sont disposés devant le piano. Bien sûr, leurs configurations obligeront à un choix, ils ne pourront pas être utilisés en même temps… mais quel luxe de pouvoir disposer devant une grande voix, deux outils majeurs dont trois décades séparent la conception et qui restent tous deux des modèles d’équilibre. Le choix se fera au mixage et le U47 finira par l’emporter !

Petite astuce : Lorsque j’utilise 2 micros afin de les comparer et de différer le moment de mon choix, j’en profite presque toujours pour sécuriser ma prise en sous estimant très légèrement le gain du challenger afin qu’il devienne une option de sécurité en cas de distorsion ou clip numérique ! D’une pierre deux coups.

A contrario, certaines situations peuvent vous amener à utiliser des modèles assez marginaux pour des prises studio. Un SM7 Shure ou un RE20 Electrovoice sont des dynamiques moins sensibles que leurs équivalents à condensateurs. Ils peuvent s’avérer précieux dans l’environnement un peu plus bruyant d’un piano voix ou guitare voix car ils capteront moins de l’instrument accompagnateur. Pour ma part, j’ai collaboré avec certains artistes qui ne voulaient chanter que dans des SM57. Dans ce type de circonstances, je peux vous dire qu’il vaut mieux tirer parti du micro sélectionné, aussi modeste soit-il ! Lorsque le cas s’est présenté, j’avais fait provision de trois exemplaires neufs, comparés, soupesés et dûment choisis. Je les ai couplés à des préamplis qui m’offraient plusieurs options de réglages d’impédance pour être bien certain de les charger au mieux… Surprise, au final, grâce à cet ensemble de précautions et à la très forte personnalité vocale des deux artistes concernés, la modestie du micro se faisait oublier et j’ai bien été obligé d’admettre que le résultat surprenait par sa qualité !

Excellente alternative que ces gros dynamiques qui, du fait de leur sensibilité moins importantes, seront plus simples à utiliser dans le cas d’un piano-voix, par exemple !

Des circonstances très particulières comme le live, peuvent également vous mener à utiliser des « outsiders ». Certains statiques à main, de scène, comme le C535 AKG ou le Neumann KMS105 offrent une très belle finesse et peuvent même s’avérer difficiles à différencier de modèles purement studio plus onéreux et moins polyvalents.

Deux beaux statiques de scènes qui proposent une belle sensibilité. A gauche le Neumann KMS105 et à droite l’AKG C535, très adapté à la finesse des voix féminines du jazz, par exemple !

Dans un cahier des charges de captation en Live, vous pouvez également vous retrouver dans l’obligation d’utiliser des transmissions HF. Gardez en tête que « tout compte » dans ce genre de contextes, de l’état des piles, au choix des fréquences en passant par le niveau ligne de sortie du récepteur, l’ensemble de ces paramètres conditionneront la qualité du signal reçu. Si vous vous trouvez dans ce cas de figure, si vous devez satisfaire à des besoins simultanés de sonorisation et d’enregistrement pensez à monitorer votre source au casque ! Certaines petites altérations pourraient passer inaperçues en diffusion et vous poser de sérieux problèmes lors des étapes de post-production.

 

Trois valeurs sures dans le domaine des micros de chant HF. Les sans fil sont de plus en plus fréquents et ils ont fait d’énormes progrès !

Au centre le Sennheiser SKM5000N est équipé de la même capsule Neumann que le KMS105 alors que les Shure Beta 87 (en haut) et Beta 58 (en bas à droite) vont ressembler à leurs cousins filaires !

Notre prochain rendez-vous? La mise en oeuvre!!