Puisque nous abordons les plages et donc les registres, vous avez sans doute remarqué que les appellations qui en parlent sont souvent imagées? Vous entendez parler de brillance, de présence, de chaleur ou de corps. Le timbre d’un instrument est complexe, il n’est pas statique puisqu’il varie avec les tonalités et surtout, il diffère d’un cas à l’autre. Ainsi, pour reprendre ce terme, le « corps » d’un son de guitare électrique ne se situera pas tout à fait au même endroit du spectre que celui d’une basse 5 cordes, si vous voyez ce que je veux dire… Cependant il décrit la même fonction (en l’occurrence, l’assise grave du son), et reste transposable et compréhensible quel que soit l’instrument envisagé.

Grace à l’égaliseur graphique 31 bandes, ou tiers d’octave: récapitulons les points clé du spectre audible… Je conseille régulièrement à mes étudiants de mémoriser les points clé des fréquences répertoriées sur cet outil. Même si le 1/3 d’octave est devenu un peu large pour répondre à tous les besoins (calculez vous mêmes… chaque tirette agit sur une tierce majeure; c’est beaucoup!) chaque fréquence reste un repère très concret pour tout professionnel du son!

En dessous de 60 Hz, nous sommes dans l’extrême grave, les basses organiques. Elles sont fortement ressenties par les conducteurs solidiens de notre corps : viscères, ossature, etc. Certains sons de synthétiseurs, la grosse caisse et la basse atteignent ce registre qui ne peut être reproduit par toutes les installations (caissons de grave séparés indispensables ou grandes écoutes de studio). En dehors des effets spéciaux de cinéma, les « sub‐ bass » doivent rester discrètes, agir en renfort et, lorsqu’on mixe, il faut toujours faire l’hypothèse d’une écoute fréquemment coupée à 60 Hz.

De 60 à 100 Hz : voici les basses standard d’une installation de bonne qualité. Par opposition au grave de matière (60 Hz), notons le point « grave d’impact ou d’énergie », (vers 80 Hz), que les ingénieurs de mastering connaissent bien, ainsi que celui de chaleur vers 100 Hz.

De 100 à 200Hz: le«haut grave» est délicat. De nombreux instruments restent flous dans cette région et, sans enlever de corps ou de chaleur au son, il reste primordial de bien contrôler ces fréquences.

De 200 à 500 Hz : l’amorce du bas‐ médium (dangereuse et inesthétique lorsqu’elle est très localisée, belle et chaleureuse lorsqu’on valorise discrètement le registre entier). Si les voix et les registres mélodiques sont un peu encombrés, il peut être intéressant de couper un peu dans cette zone pour éclaircir.

500‐1500 Hz : voici le domaine des voix, des guitares et de la caisse claire. L’excès se traduira par un son nasillard (n’oublions pas que 1 kHz est la fréquence du « son téléphone » !).

1500‐3500 Hz : le haut‐médium abrite le registre principal de la voix. Il pourra être valorisé pour plus de clarté. D’une manière générale, ce segment apporte du mordant et de la force s’il est équilibré avec l’aspect moelleux et confortable des registres plus graves.

3500‐10000 Hz: l’aigu, la brillance! La qualité du correcteur est ici prépondérante. Alors qu’un plug‐in de base amènera de l’agressivité, un Avalon 2055 apportera de l’air et restera doux. Un peu comme l’aigu d’un micro à ruban ! On notera l’importance du choix de la fréquence d’échantillonnage élevée qui favorise une pondération douce, bien préférable à la coupure nette d’un 44,1 kHz. Les percussions métalliques, les cymbales, l’aigu d’une guitare folk ou d’un piano se situent dans ce spectre.

10000‐20000 Hz : dernière plage audible de l’aigu qui donne au son de la brillance et de l’air. Une correction apportera un effet intéressant, mais attention aux enregistrements bruyants ou qui soufflent, ces défauts devenant alors beaucoup moins discrets.

Nous parlerons bientôt de l’étendue du spectre de certains instruments… A très vite!