Portrait Tete from KRRéverbes et délais

Pour beaucoup d’entre vous, cela reste la composante « mystérieuse » d’un mixage! Les questions reviennent sans cesse: Qu’est-ce que la bonne réverbe? Quand? Pourquoi? Et les délais, alors? Au tempo ou pas?… Bref, la 3ème dimension du mix, « la profondeur » semble demeurer la plus difficile à appréhender! Mais quel studio pourrait aujourd’hui s’en passer? Si certains mettent beaucoup de « réverbe » et d’autres très peu, si les genres musicaux n’emploient pas tous les mêmes programmes ni les mêmes dosages, qu’elle soit « en dur » ou en plug-in, elle est devenue indispensable et constitue l’un des piliers du studio d’aujourd’hui… À tel point d’ailleurs, que son absence dans le traitement d’une voix, par exemple, constitue un effet en soi!

Dans un premier temps, nous allons examiner l’outil qui permet de recréer une image vraisemblable, cohérente ou au contraire, d’en inventer une nouvelle ! Mais surtout, celui qui permettra de donner un sentiment de profondeur à votre mixage ! Nous allons en décrypter le fonctionnement, les paramètres et réglages, (tellement variables suivant les constructeurs !) et en retracer l’histoire récente afin d’inventorier les grandes familles de réverbérations qui en découlent. Lors d’un deuxième volet nous décrirons plus particulièrement son utilisation et celle des autres lignes de retards et des délais modulés.

Qu’est-ce que la réverbération exactement?

A l’état naturel, elle est constituée d’une multitude d’échos renvoyés par les obstacles que le son rencontre lorsqu’il se propage. Dés lors, il est facile de comprendre que les types de réverbérations vont être très différents selon les lieux de diffusion envisagés. Aucune confusion n’est possible entre des cas de figure de type « pièce », où les murs sont proches et les matériaux domestiques variés d’une part, et les acoustiques particulières ou étudiées comme les théâtres (spacieux et plutôt mats), les gymnases ou halls au revêtement réverbérant. Impossible de confondre l’acoustique des églises aux dimensions importantes et aux matériaux délibérément très réfléchissants et les « plein-airs » qui vont, du fait des distances, se re-décomposer en échos distincts.

Il existe d’ailleurs une certaine similitude entre ces deux types d’effets ; échos et réverbe. Il est assez facile de se rapprocher d’une réverbération très basique en produisant des échos de valeur moyenne (entre 150 et 250 ms), avec un peu de réinjection (feedback). Isolé, l’effet sonnera comme un délai. Placé dans le mix, en revanche, l’impression globale sera un peu celle d’une réverbération.

La longueur et le nombre de répétitions ne sont pas seuls en cause. Le pré-délai, (temps qui sépare l’émission du son direct du premier écho perçu), ainsi que la nature et l’intensité des premières réflexions (early reflections) ont une influence primordiale sur la couleur de l’effet.

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Elles sont directement liées à la proximité et à l’importance des premières parois rencontrées par l’onde sonore. Une simulation de pièce, (room) valorisera ce paramètre alors que dans une acoustique de type hall, le volume de la pièce, l’éloignement, la forme et l’absorption des matériaux choisis pour revêtir les murs auront tendance à inclure ces premières réflexions dans le signal global. Pour une meilleure compréhension de la mesure d’un temps de réverbe, sachez que la norme retenue est dénommée RT60  

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Décomposition de de la réverbération et temps de réverbération RT60

Lorsqu’un signal original est émis dans un milieu réverbérant on constate que la réverbération se décompose en plusieurs phases. Les ondes rebondissent une première fois sur les parois et reviennent après avoir parcouru un peu plus de distance. Si le retard occasionné n’excède pas 30 ms, le cerveau ne les analyse pas comme une information distincte (effet Haas), elles augmentent simplement le volume perçu et le sentiment de dimension spatiale du lieu. La couleur de la fin de la réverbération est presque commune à tous les espaces et ne varie que par l’intensité, les premières réflexions en revanche, signent véritablement la nature du lieu.

Le tout premier paramètre considéré est le temps de réverbération. Pour le normaliser, on parle de la norme RT60 qui décrit le temps nécessaire au signal pour décroitre de 60 dB par rapport au son original.

Lors de notre prochain rendez-vous, nous survolerons un peu l’histoire et des réverbérateurs… ET vous verrez que même « dans la boite », nous nous inspirons très largement des usages liés aux machines « en dur » de la grande époque!!