Abordons la deuxième phase de notre processus de mastering. Nous parlons alors du conditionnement!
Après avoir nettoyé, il faut désormais contrôler l’image stéréo et le centrage de l’audio. Une basse ou une grosse caisse légèrement excentrée aura été signalée au stade de l’écoute technique préalable.
Si un « imager » stéréo peut s’acquitter d’un simple recentrage, un outil multi-bande peut également s’avérer utile afin de spécialiser les corrections en fonction du spectre. Du fait des risques d’opposition de phase et de perte d’impact, le grave d’un mix doit rarement être élargi. La fonction de « mono maker » ou la possibilité de réglage d’un seuil de fréquence doit donc être privilégiée.
Cette opération demande le plus grand soin car la qualité et l’ampleur de votre image stéréo conditionneront votre futur encodage M/S et le bénéfice que vous pourrez en tirer.
Une fois ce paramètre parfaitement maîtrisé, il faut vous intéresser au spectre audible qui doit être déterminé et cerné. Le grave doit être strictement limité à sa plage utile… Mais, pourquoi ?
Un signal de 10 Hz trop riche sera processé dans la masse et se verra remonté. Non seulement il pourra mettre en danger la chaîne d’écoute en provoquant des oscillations de très basse fréquence dans les haut-parleurs, mais par ailleurs cet infra-grave, gourmand en énergie, saturera inutilement vos étages de traitements! Le filtrage de l’extrême grave peut varier entre 20 et 40 Hz, suivant les genres musicaux.
Pendant que nous en sommes au nettoyage spectral, n’oublions pas les fréquences indésirables. Il ne s’agit pas ici de faire « de l’artistique » en valorisant telle ou telle plage mais bien de neutraliser une résonance grave, une harmonique de caisse claire un peu proéminente, une porteuse récurrente… bref, il s’agit du repérage et du traitement de tous les éléments parasites du timbre. Nous sommes ici dans le domaine de la correction par soustraction. Une fois repérée, il est
primordial de bien évaluer la largeur de la plage considérée. Une petite astuce ? Pour ma part je « sweep » (je balaie) le registre concerné avec un gain légèrement positif et un Q « serré » afin d’estimer le point et le segment à corriger. J’ajuste ensuite ma pente afin d’intervenir au bon endroit. Je ne le dirai jamais assez : n’oubliez pas de switcher on et off plusieurs fois avant de valider une EQ. Ainsi, vous serez certain de ne pas sur ou sous corriger un problème !
Bien connaître la correspondance entre les notes et les fréquences vous facilitera également la vie ! Sachant qu’un morceau est en Sol vous vous orienterez naturellement sur les multiples des fréquences concernées (un peu moins de 50, 100 ou 200 Hz, en l’occurrence !). Si le pianiste est à côté de vous et qu’il trouve que tous ses Sib graves « ronflent » un peu, vous vous dirigerez automatiquement vers 60 ou 125 Hz.
Bob Katz (encore lui !) utilise d’ailleurs un clavier et un tableau de correspondance des notes. Il localise très rapidement les problèmes à
l’oreille ou à l’aide d’un petit clavier qui ne le quitte pas. Arrive ensuite l’éventuel encodage M/S. S’il n’est pas indispensable, il est clair qu’il présente de nombreux avantages. Il autorise le dosage précis de largeur et impacts et permet par exemple de démixer et valoriser des solistes en les intégrant ou en les faisant ressortir, tout en contrôlant un peu le niveau d’une réverbération ou d’une ambiance de salle. Cette technique offre une très grande stabilité de l’image stéréo.
Je vous propose d’aborder le volet artistique de la phase 3 lors de notre prochain rendez-vous. A très vite!