J’avais très envie de faire un petite parenthèse dans mes articles de pure pédagogie et de vous emmener à la découverte d’Al Schmitt aujourd’hui !

Abbey Road Institute ayant invité le Maestro pour une série de master-class au sein de l’école, j’ai eu la chance de rencontrer l’homme !

 

Bien sûr, sa gentillesse et sa disponibilité n’ont d’égal que son talent… l’inverse m’aurait étonné !

On le voit ici entouré de quelques-uns des élèves qui ont eu la chance de réserver à temps et de pouvoir l’approcher.

Autour de la SSL du studio A, Al explique un peu la construction du projet qu’il propose aux élèves de manipuler… un rêve absolu puisqu’ à cette occasion ils ont pu prendre les manettes sur les multitracks originaux d’artistes comme Bob Dylan, Diana Krall, Paul McCartney, Frank Sinatra ou Neil Young…

La simplicité de ce grand homme est légendaire. Nous avons pu échanger assez longuement et je lui avouais me demander encore aujourd’hui quels avaient pu être son approche et ses cheminements pour parvenir à un degré de réalisation aussi incroyable que dans le titre « Aladdin’s lamp » d’Al Jarreau dans son tout premier album « We got by », par exemple! (la dynamique et la musicalité de ce mix sont tout simplement lunaires !) Et… il me répondait à quel point il trouvait que la maladie du moment était l’excès de processing. Avoir à sa disposition des racks virtuels ou réels remplis de Pultec, API, Fairshild et Neve est un piège, me disait-il. Evidemment, pour de jeunes oreilles inexpérimentées, la tentation d’en mettre partout est grande. Mais quelle que soit sa qualité, le processing ne fait pas le son et il peut même… l’altérer ! Le musicien, son instrument le fabriquent, les micros et les préamplis respectent ou transforment ce son pour le meilleur ou le pire et… le reste ne vient qu’après et seulement si c’est nécessaire ! Et moins il y en a… mieux ça sonne !

Un peu à la manière de ce que mes mentors comme Claude WAGNER chez EMI ou Claude ERMELIN chez Davout m’avaient enseigné, il me redisait à quel point ses micros et leurs positionnements étaient ses véritables EQ’s. Pour eux, une EQ un peu appuyée était souvent l’aveu d’un micro mal choisi ou placé trop rapidement !

Ici le placement au millimètre d’un over-head et là un micro de caisse claire

Nous nous amusions du fait qu’il m’avait « remplacé » à partir de 2002 sur Dee Dee Bridgewater, dont j’avais enregistré et mixé les premiers albums et que loin d’avoir été une frustration, cela avait été un grand honneur pour moi ! Nous avons également parlé du dernier album de Toto, (je connais bien Steve Lukather ayant travaillé avec lui à plusieurs reprises…)

Al Schmitt est également un grand pédagogue. Comme tous les vrais passionnés, il aime échanger avec des gens qui partagent son intérêt pour la musique enregistrée. Il nous expliquait avec gourmandise et malice comment il avait habilement caché quelques micros stratégiques durant l’enregistrement « Shadows in the night » de Bob Dylan au milieu des 80 musiciens de l’orchestre symphonique!

ici en professeur appliqué à la console…

ou même auprès d’un certain…  Andrew Scheps lorsqu’il explique la manière dont il aborde le miking d’un big Band. Puis-je vous conseiller de vous procurer le magnifique DVD « The Art of Recording a Big band » dans lequel il détaille son savoir avec générosité? 

J’ai profondément aimé ce moment de transmission et de partage avec cet homme merveilleux et chaleureux. J’avais l’impression du rare privilège d’un moment passé avec ce « grand frère » qu’Al Schmitt représente pour beaucoup d’amoureux du son !

Merci pour ta générosité, ta disponibilité et ton talent Al!

 

Avec une carrière ayant démarré en 1957, Al Schmitt est l’ingénieur du son ayant obtenu le plus de Grammy Awards à ce jour. Il a enregistré/mixé plus de 150 disques d’or ou de platine !

 

https://www.allmusic.com/artist/al-schmitt-mn0000933071/credits