Beaucoup d’entre vous me demandent de me rapprocher de cas pratiques, simples… du type de ceux que vous pouvez rencontrer fréquemment lors de la production de vos titres. Et si nous commencions par évoquer la séance la plus basique possible ? Celle qui permet de maquetter rapidement une chanson, d’évaluer un titre ? Je parle de l’enregistrement le plus classique qui soit : «le guitare-voix » !

 

Premier cas de figure: Tout ensemble

Tout d’abord, vous pouvez souhaiter enregistrer l’ensemble de ces deux sources sans avoir besoin de les dissocier ultérieurement. Vous êtes alors dans le cas d’une maquette qui, lorsqu’elle sera produite, exigera un nouvel enregistrement complet ou… à l’inverse, dans une logique de captation de performance unique qui restera en l’état ou sera éventuellement habillée d’arrangements additionnels. Dans ces deux cas pourtant si différents, la problématique est curieusement la même : Il faut valoriser les deux sources sonores malgré leur proximité. Dans l’hypothèse d’une prise unique ou définitive de très haut vol, on peut presque considérer l’ensemble comme une double source unique, Les micros sont alors choisis et placés pour refléter une prise acoustique plausible. La distance et les directivités viendront se compléter pour pouvoir valoriser l’ensemble. Mais attention, soyons bien clairs ; plus question de les dissocier !

dans ce cas précis, les très nobles micros employés ne visent pas la séparation des sources et on peut parier que le couple de M149 de la guitare contiendra presque autant de voix que le U47 qui est devant la bouche de la chanteuse. Le but sera alors de souligner et embellir les caractéristiques de chacun sans (trop) interférer sur la sonorité des autres. Le repérage des faibles distances qui séparent les deux groupes de micros peut s’avérer très utile puisque il permettra peut être la compensation de phase en avançant ou retardant l’un des deux fichiers, (à ne pratiquer que si vous savez exactement ce que vous faites !!)

Ce cas d’école idyllique est bien entendu, assez rare. Une belle acoustique silencieuse, un ou une vocaliste performant, une guitare de luthier et des micros d’exception sont difficiles à réunir et il faut souvent composer avec un cahier des charges ou un contexte particulier. J’ai souvenir d’un « live » que j’avais enregistré et mixé avec Mano SOLO pour Warner. Il se produisait en club en guitare-voix lui-même, accompagné par un deuxième guitariste-choriste. Afin de pouvoir éventuellement retoucher l’un des éléments, il nous a fallu multiplier les sources, choisir des micros directifs ou même ajouter des pick-ups électro magnétiques aux micros traditionnels des guitares afin de pouvoir isoler complètement la guitare sur un court passage en cas de problème !

Impossible de faire plus authentique ! Cet album a été entièrement enregistré en Live sur 3 soirs de concerts donnés par Manu et Jean-Louis dans la petite salle du club parisien. En dehors de toutes petites « rustines »rendues possibles par nos stratagèmes de prises, la seule liberté que nous nous sommes octroyés est celle des choix des meilleures versions !

Dans un deuxième type de configuration, on pourra souhaiter conserver l’une des deux sources, voix ou guitare, ou même les deux en visant pour chacune une option de remplacement par des prises définitives. L’idéal reste bien sûr, d’enregistrer séparément les deux éléments, l’un après l’autre. Oui mais c’est quelquefois difficile à mettre en œuvre puisqu’il il n’est pas très musical d’enregistrer une guitare d’accompagnement… seule ! De plus, il faudrait le faire au clic, et c’est encore pire ! Voici une petite astuce qui m’a sauvé la mise plus d’une fois : Enregistrez dans un premier temps la guitare et la voix ensemble en prise témoin. Vous obtenez ainsi la motivation de l’artiste et l’énergie qu’il ou elle déploie en jouant « live ». Dans un deuxième temps, demandez-lui de refaire la guitare seule sur cette base. A l’écoute de sa prise d’ensemble, l’artiste restera sur son énergie première. Bien sûr, vous l’avez compris, il sera ensuite plus facile de refaire la voix sur cette base reconstruite dans l’esprit du premier guitare-voix. A moins, bien sûr que cette voix ne soit que secondaire, (présentation de la chanson à un autre interprète par exemple), et c’est alors la guitare qui bénéficiera du plus grand soin d’exécution et d’enregistrement. Cela fonctionne généralement assez bien mais il arrive qu’un chanteur qui s’accompagne perde tous ses moyens lorsqu’il doit poser la guitare !

Si donc, pour cette raison ou une autre, ce procédé s’avère impossible à mettre en œuvre, vous pouvez également choisir de capter la guitare à travers une cellule. Bien sûr, on ne pourra éviter de reprendre de la guitare dans la voix mais, en revanche, la piste guitare ne contiendra que… la guitare! Cette piste pourra ensuite servir de base de construction au futur arrangement sans être polluée par une voix témoin.