T003 Mesures Niveaux Ecoutes Cliquez sur l’image pour lire la vidéo

Bonjour, Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un tutoriel pédagogique P.R.I.M.O.R.D.I.A.L. Nos prochaines rencontres porteront sur le mixage, mais avant cela, quelques préalables théoriques et pratiques et nous allons tout d’abord revenir sur des notions fondamentales… Sans elles, mes explications seraient incompréhensibles.

L’une d’elles, la notion de niveaux par exemple, est incontournable. Les niveaux d’entrée et de sortie de vos machines, bien sûr, les niveaux micros, instruments ou ligne dont tout le monde vous parle… mais aussi le niveau d’écoute et de là… bien entendu, la manière dont on écoute, justement et donc, choisir et placer ses enceintes!!

Revenons donc tout d’abord sur les niveaux électriques que nous allons utiliser ! Parcourons-les, des plus faibles aux plus forts :

Tout d’abord, les niveaux micros, de l’ordre de quelques millivolts, ils doivent être pré amplifiés pour être utilisés. Ils sont très fragiles et une liaison symétrique est indispensable. Nous y reviendrons! Une petite astuce pour reconnaître ce type de connexion? Il faut 3 conducteurs pour véhiculer un signal symétrique et c’est souvent la prise XLR 3 qui est retenue dans ce cas là. Un jack stéréo ou une liaison « Bantam », de patch, peuvent aussi faire l’affaire.

Viennent ensuite les niveaux instruments, un peu plus forts. Ils sont assez proches des premiers et sont presque compatibles, une boite de direct ou DI est toutefois préférable afin d’adapter les deux types de signaux… De plus, les sorties instruments sont rarement symétriques ! Vous entendrez parler d’impédance, sachez simplement que si nous parlions plomberie, nous évoquerions la section des tuyaux qui sont raccordés. Pour éviter toute perte il est préférable que les diamètres entrant et sortant soient identiques !

Vient ensuite le niveau ligne qui, lui, est nettement plus fort. Il est utilisé en entrée et sorte de console ou de cartes sons ;  La norme hi-fi (consumer) est un peu plus faible, (-10dB) que la norme professionnelle à +4dB… Si vous branchez la sortie RCA de votre lecteur de CD sur l’entrée ligne de votre console de mixage… gros manque de puissance en vue ! Pour le coup, une entrée micro « avec pad» (atténuée) est préférable !

Enfin existent également les signaux amplifiés, sortis des étages de puissance des amplis et destinés aux haut parleurs – des dizaines ou même des centaines de volts dans les grosses installations.

Nous parlerons bientôt de la mesure de ces niveaux utiles. De la différence d’utilisation d’échelle entre l’analogique et le numérique. Des niveaux électriques qui se définissent en négatif, atténuation d’un signal maximum admissible, des pressions acoustiques qui elles, se mesurent en, db SPL (Sound Pressure Level) et qui sont une indication de puissance sonore.

Pour faire un lien avec ce qui va suivre, sachez qu’il est important d’adopter de bonnes habitudes en matière de niveau… d’écoute, cette fois ! A très faible niveau, on décèle bien les équilibres mais très mal les images sonores et les timbres… Pourquoi ne pas cumuler les avantages? Pour ma part, je calibre deux ou trois niveaux références de travail aux environs de 85 dB SPL, (Courbe C et analysés en mode lent!) zone dans laquelle l’oreille entend à peu près d’une manière linéaire sans trop se fatiguer! Nous parlerons de cette référence comme le niveau nominal, (un bon rapport entre motivation et économie de mes tympans. Un autre repère, (il peut-être activés par la touche dim de la console ou de la section monitoring), viendra enlever 10 à 15 dB à ce niveau de base, un 3è, enfin 6db voire 10 dB plus fort, très épisodique, me permettra de travailler la fin d’un fade out, d’écouter le bruit de fond d’un passage ou d’évaluer brièvement le rendu « full power » d’un petit bout de mix.

Bien, très bien tout ça mais mixer, c’est avant tout bien écouter! Bien écouter… C’est bien entendre! Là-dessus, pas de concession! La référence ultime reste… vos oreilles! Est-ce que vous imagineriez faire des lumières à travers un écran noir et blanc délavé?

Une enceinte labellisée “studio monitor” se doit d’être neutre, par opposition à une enceinte hifi que l’on veut agréable. Il faut l’accepter; l’enceinte de studio n’est pas destinée à vous faire des cadeaux en arrondissant vos erreurs! C’est même… exactement l’inverse, elle est là pour les révéler et vous inciter à les corriger. Le monitor n’est pas une enceinte “plaisir” et c’est là qu’elle se distingue d’une enceinte domestique!

Concernant le choix, L’époque des enceintes fausses et fantaisistes est pratiquement révolue… heureusement. Je vous épargnerai nos angoisses et les mixes refaits rapidement que nous devions à l’usage de moniteurs loufoques à la mode durant quelques mois lors de la sortie des near field monitors… fin des années 80. Aujourd’hui, je m’abstiendrai donc de vous prescrire tel ou tel modèle, ni même une marque plutôt qu’une autre. Nous avons tous nos préférences et elles peuvent être… très particulières.

Bruce Sweeden, l’un des plus grands ingénieurs, (Thriller, Quincy Jones et consorts) utilise depuis toujours une enceinte très décriée, la JBL 4311 qui n’est plus fabriquée depuis des lustres. Eh bien, croyez-moi ou non, il a racheté toutes les paires de ce modèle qu’il a pu trouver sur la côte ouest des USA, de peur d’en manquer… A l’époque il commençait ses interviews en priant le journaliste de ne pas l’importuner avec le sujet… On voit donc bien que le domaine reste subjectif et que c’est bien dans le goût personnel de l’ingénieur et sa bonne connaissance de l’écoute utilisée, qu’il faut chercher une forme de vérité. De la même manière, pensez à avoir avec vous, des morceaux dont vous connaissez très bien le rendu, l’image stéréo, le spectre. De cette manière, si vous devez faire du son ou de la musique dans un endroit qui ne vous est pas familier, vous saurez immédiatement si vous pouvez faire confiance, un peu, beaucoup ou… pas du tout à l’écoute qui vous est proposée… c’est même un très bon exercice de l’oreille.

Concernant vos enceintes de travail, ce qui est important, c’est qu’elles rentrent dans votre pièce, et dans votre budget et qu’elle conviennent à votre style musical. Leur image stéréo et leur profondeur doivent vous parler et le niveau auquel vous aller les écouter doit être cohérent avec leur conception.

Par dessus tout, il faut correctement les mettre en œuvre! Il faut que vous puissiez les croire, leur faire confiance… Elle représentent le filtre ultime entre la machine et vous.

Si vous les choisissez trop colorées, vous aurez tendance à “compenser” un petit excès de bas médium en “vidant” un peu votre mixage dans ce registre et… inversement. Il faudrait d’ailleurs raisonner de la même manière sur le traitement acoustique du local… c’est rarement le cas! Nous nous efforcerons donc de respecter certaines règles qui vont nous éviter les défauts et pièges les plus évidents.

Le Placement

Le Triangle équilatéral reste la formule magique! Vous êtes l’un des sommets de cette figure et les deux enceintes en sont les 2 autres. Comme votre cabine n’est pas une chambre sourde (heureusement), le son qu’elle émet va se réfléchir ou se disperser, dans l’axe, hors axe…

Quel est donc ce mystérieux switch « full » « half » « quarter » que l’on retrouve derrière nombre d’enceintes de proximité ?

Relativement simple : Lorsque l’enceinte est posée loin de toute surface… disons, suspendue au milieu d’une pièce, son énergie rayonne tout autour d’elle. Si vous la rapprochez significativement d’un mur, cette énergie « devrait » doubler (+6dB) puisque le rayonnement des ondes sonores ne se produit plus que dans la moitié de l’espace (direction disponible). Par conséquent, le niveau de pression sonore est doublé! … et si vous la mettez dans un coin (deux parois)… remettez m’en 6(dB !)  Un plafond ou un plancher en plus ? et nous voici à … +18dB

En fait, il faut arrondir un peu ces calculs et cette propagation n’est pas valable dans tout le spectre sonore. Il en résulte que le boomer est principalement affecté et c’est lui, que le constructeur vous propose de filtrer plus ou moins dans le grave. En pratique, le placement contre des parois influence la plage de fréquences inférieures à 125-150 Hz.

La deuxième notion à assimiler est la disparité de propagation dans le spectre. Les basses fréquences, du fait de leur grande longueur d’onde, seront affectées par les obstacles et surfaces de grande taille. Le son se propage à 340m/s et la longueur d’onde s’obtient en divisant cette vitesse par la fréquence du son émis, (exemple, un sinus pur de 34Hz possède une longueur d’onde de 10 mètres alors qu’à 3400Hz elle ne sera plus que de 10 cm de 2cm à 17 KHz). Ajoutez à cela l’aspect omnidirectionnel du grave et on comprend mieux pourquoi notre mur du fond a une influence beaucoup plus fondamentale dans ce registre. Lorsqu’ils sont réfléchis vers l’avant de manière anarchique, les graves viennent s’ajouter à des fréquences intermédiaires et c’est souvent entre 120 et 300 Hz qu’une zone de “flou pronnoncé » apparait.

L’oreille reste particulièrement sensible au medium et c’est dans cette partie du spectre qu’il faut s’efforcer de rester juste, un léger défaut ou excès dans les extrêmes se “rattrape” assez bien. Il faut alors s’efforcer d’écarter tout obstacle entre l’enceinte et vous. Attention à vos écrans d’ordinateurs…

Bien sûr, dans une installation semi-professionnelle, il n’est pas forcément facile d’éloigner ses enceintes de plus d’un mètre de toute surface. Reste alors à absorber les basses fréquences à l’arrière de l’enceinte… Vous avez peut être rencontré les termes de bass trap, de back wave. Il faut dissiper cette importante énergie en chaleur.

Les mousses compactes et fortement alvéolées restent le meilleur remède après le baffle passif, plus dense et accordé!

Quelques schémas de bass trap

Étendue de la zone utile > Le « Sweet spot ». Du fait du traitement acoustique, il est beaucoup plus étendu dans une cabine professionnelle que dans une installation domestique!

La taille de ce triangle est primordiale. En dessous d’un mètre, vous travaillez dans un casque géant et vous fatiguerez vite, à plus de 2 mètres, vous n’êtes plus dans le champ d’action de moniteurs de proximité! De plus, l’éloignement signifie perte de pression acoustique! (Elle décroît de 6dB à chaque doublement de la distance) et mise en résonance de la pièce. Il vous faut alors une “grande” écoute et un traitement de cabine (encastrement, etc…) Attention, cette notion de distance conditionne le niveau d’écoute physiologique que vous pourrez supporter dans la durée!

Autour de ce triangle, il faut s’efforcer à la symétrie et éviter la présence d’un tapis d’un côté et d’une grande baie vitrée de l’autre ou même le cas d’un mur à 50 cm de l’enceinte droite et un vide abyssal de l’autre côté!! Attention aux préconisations d’utilisation de vos moniteurs! Sont-ils vraiment destinés à être posés horizontalement sur le bord de votre meuble? Si oui, les tweeters seront placés à de préférence à l’extérieur.

Enfin un support désolidarisé évitera l’effet de transmission solidienne et l’effet caisse de résonance si vous voulez du sub, ajoutez un caisson à vos enceintes. Bien contrôlé, très bien réglé, il apportera le confort d’un grave organique à votre écoute. Dissocié des enceintes, il vous affranchira peut être un peu des problèmes que nous évoquions en début d’article, puisqu’il peut, lui… être éloigné des parois à condition de bien caler les délais de compensation.