La validité de l’écoute au casque est une question qui revient souvent. Il semblerait qu’il faille choisir: les enceintes… ou le casque!

Eh oui, ils ne racontent pas la même chose! Alors que les enceintes proposent une approche moyenne, douce et arrondie par la distance entre les membranes et les tympans, le casque lui, souligne et caricature presque les caractéristiques du message sonore.

Pourtant, dans le cas du home studio, l’acoustique souvent imparfaite des lieux dans lesquels vous posez vos machines pourrait être avantageusement compensée par une écoute au casque. Par ailleurs, vous pourriez vous affranchir des problèmes de voisinage, travailler dans la même pièce que les musiciens!

Oui mais voilà… en dehors d’une grande fatigue qui accompagne obligatoirement une écoute au casque prolongée, lorsque vous employez les deux types d’écoutes, vous êtes vite perdu! Tout d’abord la relation angulaire avec les sources sonores doit être adaptée elle n’est pas juste lorsque vous êtes sous le casque: aucune diaphonie n’existe entre vos deux oreilles et les panoramiques s’en trouvent totalement perturbées.

Qui n’a pas connu l’effet « musicien-en-fin-de-prise-qui revient-dans-la-cabine »? Un peu désemparé, il découvre que le son qu’il avait de l’autre côté de la vitre ne ressemble pas du tout à ce qu’il entend désormais en régie! Quelquefois la surprise est bonne… quelquefois pas du tout!

Forcément! Lorsqu’il est au casque, il lui manque la composante solidienne du son, (celle qui nous parvient par la perception extra-auriculaire) et surtout ce positionnement si particulier que nous avons en face des enceintes! Cruel dilemme, donc… et des discussions à n’en plus finir pour départager les mérites et faiblesses de tel ou tel modèle de casque. Jusqu’à la révélation

Il y a peu de temps, un ami mixeur me faisait écouter le casque d’exception qu’il venait de s’offrir. Un peu dubitatif, je mis l’objet sur mes oreilles en le trouvant très très confortable! Et puis vînt le son!!!

Dans notre vie de professionnels de l’audio, il y a des machines amusantes, inventives, pratiques où très adaptées à certains styles musicaux et puis il y a les « révélations ». Celles qui vous font dire que vous venez de trouver un outil qui va vous accompagner pour un voyage au long cours.

Le Sennheiser HD800 fait partie de ceux-là Il m’a fait changer d’avis sur la possibilité d’utiliser l’écoute au casque durant le mixage et le mastering! Pas pour rien qu’on le voit sur la tête de « grandes oreilles du mastering »!!

Pourquoi? Parce que lorsque vous l’utilisez, cela ne ressemble à rien d’autre.

Les procédés techniques employés dans le HD800 sont uniques et convaincants:

Tout d’abord la membrane qui, à l’inverse d’un transducteur conventionnel, mesure 56 mm (la plus grande des casques existants!) De forme annulaire, elle augmente considérablement la surface vibrante en contact avec l’air. On obtient une onde sonore beaucoup plus volumineuse, plus puissante et qui se rapproche du comportement d’un haut parleur ! La disposition anglée des diaphragmes reproduit même l’impression de spatialisation idéale provenant du fameux triangle équilatéral formé par l’auditeur et les deux enceintes de monitoring. Les micro décalages temporels avec lesquels un même signal parvient au tympan dans le cas des enceintes est même reproduit par ce système. C’est d’ailleurs l’explication principale de la sensation extrêmement étrange qui accompagne son usage! On a véritablement l’impression de ne pas porter de casque! Le son qui est au centre n’est plus au-dessus de vous mais en face… véritablement!

Bien sûr, la fabrication est irréprochable; l’engin est entièrement assemblé à la main, il utilise le Leona, un plastique aussi sûr que le titane avec une fréquence de résonance très basse, son câblage est exceptionnel et ses oreillettes en micro-fibres sont ultra confortables. Fixées uniquement à l’arrière de l’oreille, sur un seul point, elle permettent d’ailleurs un ajustement optimal à votre morphologie tout en augmentant le confort.

Par ailleurs sa courbe de réponse est « lunaire », (6Hz à 51KHz) Elle garantit la linéarité dans la zone audible et je peux vous dire que c’est exactement l’impression que l’on obtient.

Pour finir, sachez qu’un casque ne peut se juger sans tenir compte de l’effet de couplage qui le lie à votre conduit auditif; or chacun des conduits de nos oreilles externes est pourtant unique; cela rend l’échange d’impressions auditives complexes lorsqu’on écoute de cette manière. Dans le cas du 800 ou du 800s de la marque, le fait que le diaphragme soit éloigné de nos tympans et que la masse d’air inclue dans les sphères d’écoute soit beaucoup plus importante, rend le couplage beaucoup plus universel et beaucoup plus « portable ». (dans le sens transposable….)

Depuis une semaine, j’utilise la bête à l’étape de finition du mix et j’obtiens exactement la même impression qu’avec mes moniteurs favoris… en plus étendu. Je peux ajuster mon extrême grave dans la gamme des « en dessous de 40Hz », je peux affiner une spatialisation ou un effet de masque. Entre deux sons voisins… bref, je gagne en précision et donc en finition. Dans les signaux complexes, en mastering, c’est encore plus flagrant!

Une alliance durable, je vous dis! Même si son impédance de 300 Ohms nécessite un ampli puissant et même s’il est recommandé de transporter le HD800 dans sa grosse boite en bois… je ne peux même plus envisager de me passer de mes nouveaux monitors transportables!

PS. août 2021.

Mon enthousiasme s’est entre temps renforcé et presque 4 ans plus tard, je possède deux exemplaires du magnifique HD 800S qui sont encore plus linéaires que les précédents et un exemplaire du 800 qui grâce à sa petite sur-brillance calculée, apporte un supplément d’attention aux sifflantes et aux sons durs en général.

Bonne écoute à vous tous!