Portrait Tete from KR

L’histoire

Si les débuts de l’enregistrement se sont passés de l’ajout de réverbération, (elle était déjà très présente dans les enregistrements ambiants de l’époque), l’apparition des prises multipistes et de proximité ont contraint les ingénieurs du son à trouver rapidement des solutions pour redonner de l’air à chacune de ces captations qui se retrouvaient isolées Bien avant l’ère du numérique, les studios avaient donc recours, certes à des chambres naturelles pour les plus chanceux d’entre eux, mais aussi et surtout à des réverbes à ressorts (assez bon marché et basiques) ou à plaques (version plus élaborée et plus flexible) pour simuler des espaces.

reverbe-3-1611xx-emt140

Cette EMT 140 stéréo était un must absolu… Les transitoires la faisaient « zinguer » un peu mais elle offrait un espace audio inégalable aux petites structures qui ne pouvaient se permettre une « chambre d’écho » naturelle. Il fallait quand même pas mal de place pour loger cette grosse boite!!

Si dans le cas d’une réverbération naturelle le signal était diffusé dans une pièce, une citerne, un puits, (c’était le cas de mon tout premier studio!) bref, un lieu très réverbérant dédié à cet usage, dans le cas des ressorts et des plaques,  il était envoyé dans un moteur de haut-parleur qui mettait ces ressorts ou ces plaques métalliques en vibration afin d’en capter le son, une fois transformé. La vitesse de propagation du son dans de telles conditions était lente et une faible longueur de ressorts ou une faible surface de plaque pouvaient offrir des retards importants. Pour ma part, j’ai même le souvenir d’avoir conçu des réverbes harmoniques avec de vieux cadres de pianos isolés dans des pièces équipées de haut-parleurs et de micros et dans lesquels les cordes entraient en sympathie avec les sons traités… époque bénie des expériences farfelues où le geste comptait plus que le  résultat!)

Tombés en désuétude, ces systèmes fragiles, encombrants et couteux pour les plaques n’en étaient pas moins très identifiables et ont laissé une empreinte appuyée sur la musique des années 50 à 80. Il est donc logique que les outils d’aujourd’hui proposent ce type d’identités fortes dans les « presets » des machines modernes qui peuvent à peu près tout reproduire. Il n’y a donc pas que la reproduction des lieux existants qui soit possible.

Hard ou Plug

Il est important de bien comprendre que les algorithmes de réverbération sont très gourmands en termes de calcul. La qualité de l’effet obtenu, sa densité notamment, est totalement dépendante de la puissance et du nombre des processeurs envisagés. La préhistoire de l’informatique nous a pourtant donné des machines grandioses et très justement calculées qui tiraient partie des ressources limitées de l’époque.

Les premières EMT digitales, les Lexicon 224, 224X puis 480L, les AMS RMX 16 sont restées des valeurs sures. Elles valaient le prix d’une voiture ! Détail amusant, j’ai conservé une Lexicon 480L dont je trouve qu’elle sonne bien mieux que le modèle qui lui a succédé. J’ai un jour, essayé de me passer de ses convertisseurs 18 bit « d’époque » et je l’ai directement raccordée à mon installation numérique en 24 bit « d’aujourd’hui ». Eh bien… cela ne sonne pas du tout ! Nous avons donc bien ici la preuve d’une conception très étudiée dans laquelle tous les composants étaient justement choisis !

reverb-4-161101-compil

Les plugs-in sont longtemps restés « à la traîne », grâce aux progrès foudroyants de cette technologie, il en existe aujourd’hui de très beaux, même en mode natif. Ils ont l’avantage d’être accessibles. Vous devez toutefois garder en tête qu’il s’agit probablement de l’effet le plus important de votre rack, qu’il soit virtuel ou non. Il peut être préférable de conserver une réverbe extérieure plutôt qu’un plug-in un peu « cheap » qui produira un son pauvre et froid. Si vous optez pour un module externe, il vous faudra alors « tourner » votre mixage en temps réel mais, croyez-moi, le jeu en vaut souvent la chandelle ! Pas de compromis possible dans ce domaine !

Il faut noter, au passage, que l’usage de la réverbération en mono est à proscrire, sauf effet spécial ! L’effet est associé au fait que la perception des nos deux oreilles soit très différentes. Cette stéréophonie est donc nécessaire à notre sensation d’espace. Si quelquefois l’entrée est mono, la sortie doit toujours être stéréo.