Dans ce troisième volet, après avoir évoqué la compression dans son principe, nous allons examiner les cas spécifiques; ceux dans lesquels un simple compresseur mono ne suffit pas.

 

Le couplage de plusieurs compresseurs

Le cas le plus fréquent, tout d’abord : le stereo link. Afin d’assurer la stabilité de l’image stéréo, il est important de pouvoir appliquer des réglages identiques aux canaux gauche et droit.

Bien entendu, la même technique est appliquée aux divers signaux d’un mixage multicanal. Généralement, l’un des compresseurs est déclaré « master » et son seuil, son ratio et son enveloppe sont appliqués au « slave(s) ». Certains compresseurs de mix ou de mastering sont uniquement stéréo et ne proposent que des réglages communs aux deux canaux.

SSL a équipé le bus stéréo de ses consoles de la série 4000 de ce célèbre compresseur. Bien qu’un peu ésotérique, ce « densificateur » de mix est tellement réussi qu’il deviendra un standard incontournable !

La compression en série

Cette deuxième technique permet de contrôler plus efficacement le signal en stabilisant généralement la dynamique dans un premier temps avec un rapport de compression assez faible, (entre 1.5 :1 à 4 :1) alors qu’un deuxième module, plus drastique viendra contenir les crêtes qui auront déjà été « préparée » par le premier traitement. D’expérience, à niveau égal, cette technique donne des résultats plus transparents puisqu’elle applique une réduction proportionnelle à la source.

Dans certaines machines, (le système est par exemple, très répandu sur les compresseurs Neve de la grande époque !), le module de compression est suivi par un limiteur. Dans certains plugs, la technique est plus poussée encore et propose un expandeur comme premier étage. Cette combinaison permet alors de contrôler très finement la dynamique de certains signaux délicats ou un peu bruyants.

Durant l’ère analogique, il arrivait également que l’on utilise deux compresseurs de générations différentes. L’un, plus rapide et plus incisif comme le compresseur 1176 FET (Transistor à effet de champ) gommait les crêtes les plus violentes, (ratio élevé et enveloppe rapide), alors que le deuxième, plus lent comme le LA2A optique à lampe, se chargeait de donner une petite compression de couleur et de densité. Sur une voix, le procédé était assez redoutable… même s’il n’égalera jamais réellement la finesse d’un « gain riding » très soigné. (Suivi de volume au fader)

Ici les plugs émulent leurs modèles analogiques dans cet enchainement très répandu à la « grande époque »

La compression parallèle

Elle est utilisée lorsque l’on souhaite un gain significatif tout en conservant une certaine transparence. Ce principe est également connu sous le terme de compression New York : il combine le signal brut, (ou très peu compressé), au signal compressé. Ce deuxième circuit, volontairement assez agressif mais le plus réactif possible, va contenir les crêtes très « en dessous » du signal original et ne conservera donc que les niveaux faibles. L’art d’une belle compression parallèle réside souvent dans le niveau de « Make-up », le gain du signal traité. Très en retrait du signal original, celui-ci apportera de la matière sans écrêter. Le danger d’une telle technique ? Il est inhérent à l’augmentation des niveaux bas… attention au souffle et aux petits buzz qui passaient inaperçus avant qu’on ne s’y intéresse !

Dans ce set de compression parallèle, le signal emprunte simultanément les deux routes. L’un des deux traitements laissera le signal presque intact alors que l’autre, drastique, « casse » les crêtes et, une fois relevé, apportera de la matière aux niveaux faibles. La somme reconstitue un signal plus détaillé et plus tonique sans risque de pompage.