Reprenons le cours de notre prise de son de guitare acoustique…

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Même si je ne garde pas obligatoirement un panoramique grand ouvert à l’arrivée, les deux micros de couples que j’ai choisi lors de notre dernier rendez-vous me donneront au moins la possibilité d’arbitrer ultérieurement la proportion de chaleur qui me viendra du corps et de brillance et de sons « de jouage », en provenance du manche. Plus généralement, la combinaison des micros choisis et judicieusement placés me permet d’être à peu près certain de capter les différentes couleurs de la guitare… et je peux même en différer le dosage. Votre guitare est équipée d’une cellule ? Ne vous privez pas de la capter en plus, à l’aide d’un boitier de direct. Les possibilités ultérieures de cette piste sont nombreuses et si vous décidiez de ne pas l’utiliser, rien de plus facile que de l’effacer ! Mais rappelez-vous le plus important : rien ne remplace les essais. Lors de cette phase préliminaire, n’envoyez pas trop l’instrument dans la réverbe, ne le corrigez pas prématurément. Vous fausseriez votre évaluation et risqueriez de le regretter par la suite ! Au contraire, diffusez le son naturel dans le casque du guitariste et associez-le à cette recherche de sonorités. Il se placera naturellement et ira « chercher » le meilleur positionnement.

Le jeu puissant de ce guitariste sur une Taylor qui a un rendement assez fort, m’a conduit éloigner ce couple X/Y, (placé ici à environ 50 cm) afin d’adoucir un peu la prise de son. Le système reste le même et me permet d’obtenir un bel équilibre spectral de cette guitare d’exception

Si vous utilisez des micros sur pied, (nous allons voir que ce n’est pas toujours le cas), n’oubliez pas les pinces élastiques qui sépareront le corps très sensible d’un statique de toutes les vibrations transmises par le sol et le pied de micro. Vous avez un guitariste qui tape du pied pour marquer le tempo ? N’hésitez pas à lui demander de se déchausser et, le cas échéant, à lui fournir un coussin pour en atténuer le son !

Lors d’une prise live, ou même pour une simple performance d’enregistrement, vous pouvez également tomber sur un musicien qui a « la bougeotte ». S’il s’avère que vous ne pourrez pas contrôler ce paramètre, mieux vaut opter pour une fixation solidaire de la guitare. Un peu à la manière du live.

Souvent employé sur scène, ce système permet de s’affranchir des inévitables mouvements du musicien. Distance et orientation restent constants. Pour être complet sur ce chapitre, dans le cas d’une scène très sonorisée, il ne faut pas oublier le bouchon de rosace, quasiment indispensable afin d’éviter le larsen qui ne manquera pas d’apparaître du fait de l’accord très précis de la caisse de la guitare.

Il existe deux grandes familles de guitares acoustiques.

Tout d’abord les guitares à cordes métalliques ou « folk » qui sont majoritaires dans le rôle d’accompagnatrices du chant. Elles bénéficient d’un rendement plutôt important (rapport son / bruit parasites) et supportent assez bien des traitements musclés. Attention toutefois, les cordes métalliques incitent à rechercher de la présence et il faut souvent résister à l’irrépressible envie de rajouter de la brillance. En proximité, elle s’accompagne inévitablement de bruits parasites, de sons de glissés, de bruits de frettes rehaussés et à haute dose, elle n’ajoute qu’une brillance factice. L’aigu noble n’est pas agressif, il doit rester doux. Un peu la différence entre une Martin D35 et une entrée de gamme, si vous voyez ce que je veux dire! Le souffle même du guitariste peut également s’avérer gênant ! Si vous êtes confronté au problème, seuls un bon nettoyage et une automation du grave de l’Eq vous tireront d’affaire ! Si vous ne parvenez pas pas à l’éliminer, essayez de retrouver une autre prise sur l’instant délicat ou même un passage musical identique dans le titre… il arrive que ce soit la seule planche de salut !

 

Les guitares dites « classiques » à cordes nylon, doivent être approchées sous un angle très différent. Le rendement est ici plus faible et il faut être particulièrement vigilant sur l’environnement et les bruits parasites. Comme pour un piano, nous sommes dans l’obligation absolue du respect d’un timbre culturellement très identifié qui tient dans un spectre à l’équilibre très subtile. La frontière est mince entre un grave profond, limité à environ 90/100Hz et un effet flou de tonneau rendu par un excès de 125/150 Hz ! Un cas spécial mérite notre attention : la guitare flamenca. Elle est très exigeante sur le spectre comme sur la dynamique du fait des très fortes transitoires générées par ce type de jeu.

La guitare « flamenca »

Les distances deviennent cruciales et les gains parfaitement réglés ! Attention aux transitoires qui peuvent être envoyées par un guitariste flamenco… Elles peuvent vous surprendre !

 

Si la compression existe elle doit être transparente et très douce et les percussions du jeu très présentes ! Elles sont souvent soulignées par un hall très naturel et chaud de 2,5 ou 3 secondes.

Nous envisagerons très vite la prise de voix… Elle reste souvent la clé de voute de l’édifice !