Règles et recettes de l’égalisation par instrument Suite…

Envisageons aujourd’hui le piano qui reste avant tout… un instrument de percussions!!

Bien sûr, on voit à priori le piano comme harmonique et mélodique mais il reste pourtant un instrument de percussions. Il est donc aussi rythmique ! Les cordes étant frappées par des marteaux, les transitoires et la notion d’enveloppe demeurent primordiaux ! Un exemple ? Une fois devant votre station audio numérique préférée, faites tout d’abord l’expérience d’isoler une note ou un accord de piano et d’en couper l’attaque. Lisez le sample une bonne seconde après son début : difficile de le reconnaitre, non ? Tentez ensuite d’inverser le sens de lecture de l’échantillon avec attaque. Il devient… méconnaissable ! Aujourd’hui cet effet « reverse » est très identifié puisqu’il a été utilisé à maintes reprises, mais avouez qu’il serait difficile de mettre un nom sur cette texture sonore lors d’une toute première écoute. Ajoutez à cela qu’en dehors des notes les plus graves, les cordes sont doublées puis triplées afin d’en organiser les battements, (Les cordes) et qu’une table d’harmonie résonnante se charge d’amplifier, en faisant interagir et rayonner les sons entre eux et vous commencerez à avoir une idée de sa sophistication.

Le piano est donc exigeant en terme de bande passante de par son spectre, en dynamique du fait de ses transitoires et de l’amplitude des nuances possibles et enfin en spatialisation afin de restituer sa richesse naturelle de diffusion. Oui, pour toutes ces raisons, c’est l’un des instruments les plus complexes qui soient à bien enregistrer et restituer !

Ici, le magnifique Yamaha CFIII de concert de Denis Levaillant capté grâce à un couple ORTF de Neumann 149 Jubile parfaitement appairés. Le tout sur un préampli PM200 Freevox de Gérard Poncet à très faible bruit… un must de transparence et de profondeur!

Sous l’angle de l’égalisation

Le piano possède un spectre très riche, ce n’est pas pour rien que les compositeurs l’utilisent majoritairement, même pour composer de la musique orchestrale! Présent dès 30 Hz et jusqu’à 15000 kHz si on inclut ses harmoniques. Le piano pourra être facilement enrichi par des corrections douces de 80 ou 100 Hz dans le grave et de 8 à 10kHz en shelf pour donner de l’air. Là encore, il faut éviter d’accidenter un registre en « localisant » trop la correction. Dans la région des 3 à 4000 Hz, un ajout peut facilement durcir le piano. Coupe‐bas usuel à 20 ou 25 Hz.

C’est donc un principe de précaution qui prévaut. Les plages doivent êtres douces et les gains d’EQ très discrets. Rien de plus artificiel qu’un piano sur-corrigé! L’importance du paramètre percussif dont nous venons de parler accroit la difficulté de correction. Difficile d’adoucir un piano sans enlever de l’énergie à ses attaques, par exemple. Il est donc très fortement conseillé de régler tous les problèmes de balance tonale par des placements et des choix judicieux de micros.

Lorsque la prise est faite et qu’elle nécessite de gros ajustements, il n’est pas rare que j’utilise des outils de correction dynamique qui me permettent de tenir compte des écarts de niveaux très importants de l’instrument.

Quelques EQ dynamiques que j’affectionne…

Izotope OZONE ADVANCED – Dynamic EQ

TDR Nova (La version gratuite est déjà spectaculaire mais ne permet pas l’expansion)

TC electronic Dunamic EQ très lisible et puissant