Il s’agit aujourd’hui d’un « article invité » de Léo Chupin, (et sur instagram)  (Captain Chup’ sur les réseaux sociaux!) Léo est un brillant étudiant d’Abbey Road Institute, que j’ai eu le bonheur de coacher et qui est désormais jeune ingénieur du son chez mon ami Bernard Faulon, au studio de Meudon. (Pas le pire des endroits pour exercer ses talents de preneur de son!)

Tout comme moi, il a développé une vraie passion pour les micros d’exception. Il écrit régulièrement pour le blog de Devenir IngéSon et m’a autorisé à héberger moi aussi, cet excellent article à propos des M49 et M50 de chez Neumann.

Je possède plusieurs de ces références que je bichonne particulièrement et je lui donne maintenant la parole car il en parle très bien et propose une documentation très complète.

La matière est riche et dense et j’ai pris la liberté de diviser ce sujet en 3 parties. C’est du M49 que Léo nous parle en tout premier…

 

1950 – Le M49

Il s’agit d’un micro  mythique, utilisé pour les voix et notamment, celles de Neil Young, Tom Waits, Aretha Franklin, Norah Jones, Bob Dylan, Simon and Garfunkel, Toto, Barbara Streisand…

Elvis en 1958 ou Adèle, plus récemment!

On l’utilise également sur les cuivres (Miles Davis) pour des pianos et en couples pour des « over head » de batteries.

Miles avec Coltrane  ou Barbara Streisand…

Aretha Franklin   Billie Holiday

Produit de 1950 à 1974, le M49 a été développé autour de la technologie de Herbert Grosskopft qui permet de sélectionner la directivité du micro à distance en modifiant le voltage : une première ! Il propose 9 directivités : de omnidirectionnelle à bidirectionnelle en passant par cardioïde avec les positions intermédiaires.

Cette technologie permet pour la première fois d’avoir une sensibilité identique dans toutes les directivités (contrairement au U47 qui avait 5db en plus en cardioïde).

Il est d’abord équipé d’une lampe Hiller MSC2 puis d’une AC701K Telefunken. Il suivra le même chemin que le U47 en étant d’abord équipé d’une capsule M7 remplacée plus tard par une K47.

           

Le M49 est un micro avec un son « naturel », moins coloré que le U47. Cela est dû à la lampe AC701 qui est particulièrement transparente.

Un micro rempli d’innovations

Les directivités

Le principe de matriçage est à la base, identique à celui du U47 : il s’agit de 2 membranes cardioïdes dos à dos munies d’une électrode fixe centrale. Cela crée un double condensateur. Chaque membrane reçoit une tension de polarisation séparée via une électrode fixée en leur centre. Le voltage de la membrane change la directivité, C’est du matriçage par résistance.

Par exemple, si les deux membranes sont en phase, une directivité omnidirectionnelle est obtenue.

Si la membrane arrière est hors phase, c’est une directivité bidirectionnelle.

Pour avoir une directivité cardioïde, seule la membrane de face avant est alimentée.

Dans un M49, la membrane de face est polarisée avec un voltage constant à 58 Volts. Le voltage de la capsule arrière lui, est ajustable de 0 à 116 Volts. La directivité est donc variable de cardioïde à omnidirectionnelle en conservant une sensibilité constante.

Quand la face arrière est polarisée 0 volt, le micro est cardioïde. À 58 volts, le micro est omnidirectionnel et à 116 volts il est bidirectionnel.

Une nouvelle grille

Les équipes Neumann ont également fait des recherches pour minimiser les effets de résonance de la grille.

Pour diminuer les ondes stationnaires et les résonances dans le micro, la grille est inclinée à un angle d’environ 10 degrés (contrairement au U47 où elle est perpendiculaire à la capsule).

Une capsule en suspension

La capsule est montée sur un support en caoutchouc, lui-même fixé sur un capot en plexiglas qui recouvre l’électronique.

Ainsi le M49 est naturellement peu sensible aux infra basses par transmission solidienne.

Néanmoins, après 70 ans le caoutchouc vieillit mal : soit il durcit et perd son isolation, soit il devient mou et n’est plus capable de supporter efficacement la capsule.

Les évolutions du M49 :

En 1954, la lampe MSC2 est remplacée par l’AC701K Telefunken.

En 1956, la capsule M7 est remplacée par la K47 (voir l’article sur le U47). Étrangement le débat M7/K47 qui enflamme le U47 n’a pas atteint le M49.

M49 équipé d’une M7

M49 équipé d’une K47

A partir de 1957, tous les M49 ont un interrupteur interne qui déconnecte le diaphragme arrière et permet de régler le microphone sur la position « cardioïde forcée ». Cela donne au microphone un meilleur rapport signal/bruit de 4 dB. On notera que nombres de 49 restent « forcés » dans cette position cardioïde (elle correspond à l’usage majoritaire qui est fait de ce micro). Du fait du mailleur rapport S/B obtenu, leurs propriétaires les considèrent ainsi optimisés! (PJ)

En 1958, le M49 devient M49b. Un nouveau transformateur BV11 est intégré ainsi que quelques changements de valeur électrique avec une impédance de sortie réglable entre 50 et 200 ohms. Pour obtenir une distorsion plus faible la consommation de courant du tube a été augmentée de 0,45 à 0,73 mA.

En 1961, sort le M249, un M49b destiné à la radio allemande et équipé d’une petite prise Tuchel à 7 pin à filetage au lieu du système de baïonnette et prise Gross Tuchel. Il sera produit jusqu’ en 1972. Il n’y a aucune différence technique avec le M49b si ce n’est la connectique (Flea qui propose des copies de M49 et de M249, rappelle que la seule chose qui change est la prise).

En 1963, sort le M49c encore plus silencieux. (C’est celui que je possède! ;-D PJ)

La plupart des M49 que j’ai vus en vente sont modifiés en version B ou C, et sont équipés d’une AC701.

Les micros sont facilement identifiables en les ouvrant car le nombre de composants est croissant avec le temps. Sur ces différents schémas, nous pouvons observer de manière significative l’évolution du micro :

M49b / M249b (On remarque en haut a droite l’interrupteur de la capsule arrière absent du modèle précédent)

Il existe 2 corps différents : soit un gros diamant rouge, soit un petit point rouge avec le logo Neumann. Pour le moment, mes recherches ne m’ont pas permis de déterminer avec précision à quoi cela correspond (époque, modèle, choix à la commande…)

Les Accessoires

Les blocs d’alimentation :

Il fournit 4 volts pour la lampe, 58 volts constants pour la membrane avant et entre 0 et 116 volts variables pour la membrane arrière. Ces alimentations sont compatibles avec tous les micros équipés d’une AC701 (les Neumann M269, M367, KM 54, KM 56… Mais aussi les micros Schoeps M221 !)

Il existe différents modèles :

Les toutes premières versions s’appelaient N48

Le modèle de base est noté NN48b.

On distingue 2 versions :

Les premiers modèles avec le sélecteur de directivité au centre en haut et la prise électrique horizontale.

Les derniers modèles avec le sélecteur de directivité au centre à gauche et la prise électrique verticale.

– Il existe des modèles « rackables » de type S67 (même système utilisé par les célèbres préamplificateurs Siemens V76, V72 etc) nommés N52a ou N52t selon les époques.

Aujourd’hui on retrouve souvent ces « cassettes » reconditionnées dans une box avec connectique et branchements.

  • Rack Siemens/Telefunken S67 parfait pour racker vos preamp et alim vintage hors de prix !

– Il existe également une batterie (BB50) pour utiliser le micro lorsque le secteur n’était pas disponible ou lors de déplacements.

Comme pour le U47, il existe une alimentation stéréo (au nom inconnu) mais qui est probablement destinée aux M50.

 

Les câbles et suspensions

Le câble standard est nommé C26. Le modèle C28 est celui dont la prise femelle (coté micro) a le système qui permet de fixer directement le micro à un pied (comme pour le U47 et plus tard les U67 et U87). Le système de fixation est à « baïonnette ».

 C28, remarquez le caoutchouc supplémentaire pour l’isolation.

 

 

 

 

  • C28 en action avec les Beatles pour les overdubb de la version mono de Help.

La suspension est nommée MZ49 et n’est pas à proprement parler une suspension puisqu’ elle n’est pas élastique. Il s’agit plus d’une pince à cerclage. Certains modèles (Les nouvelles versions de Flea) ont des petits caoutchoucs ronds pour isoler un peu plus le micro. Personnellement, c’est ce que j’ai installé sur mon 49c pour mieux le « découpler » des supports et pieds (PJ)

Pour Conclure

Leur avis

« Pour moi supérieur au U47 qui colore trop le son. Le M49 marche sur tout, tout le temps : le micro idéal ! »

Peter Claes

« One of my favorites. Make everything big and warm without making it dull. »

Hans Martin Buff

« Mon autre grand standard dans les Neumann Vintage. Ses multiples paterns de directivités lui confèrent une souplesse magique! Ce micro est également beaucoup plus clair et « harmonique » que le U47. Il favorise des registres plus étendus. Son effet de proximité est très progressif et permet son utilisation à distance (bruit propre très faible pour l’époque) avec très peu de coloration grave et low-mid, par exemple. Lui aussi s’accommode très bien de la série 10 de Neve, d’un préamp API et d’un bon LA2A ou TLA 100 juste derrière… La chaîne idéale en quelque sorte! Particularité, le temps de chauffe est relativement long pour obtenir sa température de fonctionnement idéale.»

Pierre Jacquot

« The M49 is a superb vocal mic, but may be used for many other applications from miking an electric guitar amp to recording French horns ! It can be used in omnidirectional for room miking and in figure-8 for simultaneous recording of two background vocals »

Bruce Sweden

« Barbra Streisand has been using this particular Neumann M49 since we did « The Way We Were ». It matches her voice so well that she will not use anything else. This particular mic is a rental, but she knows the specific serial number, so that better be the right mic sitting up there when she’s ready to record. »

Al Schmitt

“This M-49 was a big investment I made when the owner of Sonora Recordings was selling it. It’s the mic I have used for decades for my records and I’m so glad to have it to call my own. I still think it’s the best microphone ever made – for my voice anyway… When I use a different mic I don’t sound like me. Of course I have no idea why it’s great but I do know the wiring or workings inside are very intricate.”

Nancy Sinatra

Merci Léo… à très vite pour la suite!