Les micros et les traitements à la prise
L’un des privilèges du studio est de pouvoir essayer différentes solutions de prises. Si vous n’êtes pas certain d’avoir besoin d’un micro de timbre sous la caisse claire, rien ne vous empêche de le choisir, de le positionner et de l’enregistrer. Vous déciderez au mixage, en toute objectivité, de l’utiliser ou non.
Il en va de même pour le choix entre 2 types de micros sur lesquels vous manquez de recul ou d’expérience pour pouvoir vous décider ! Un peu comme c’est l’usage en musique classique, j’enregistre personnellement presque toujours plus de micros que je n’en n’utilise finalement. Pourquoi se priver ? Je dois dire que je généralise souvent le système pour choisir mes ambiances, par exemple. J’en positionne un certain nombre et n’en garde que quelques uns, en fonction de la couleur finale de l’arrangement.
D’une manière générale, préférez toujours un traitement minimum à un lourd process en prise de son. D’abord parce que sous la pression de l’enregistrement, vous n’êtes pas dans le meilleur contexte qui soit pour choisir les traitements et les mettre au point. Si vous enregistrez une grosse caisse trop compressée, c’est irrémédiable, c’est gravé dans le marbre et le mixeur « ramera » pour retrouver de la dynamique.
Il en va de même pour une Eq mal évaluée ou trop fortement dosée. Moins vous trafiquerez le son à la prise, (ce n’est pas seulement vrai pour la batterie, d’ailleurs !) plus il sera direct et impactant. De mes périodes de prise de son classique, il me reste la culture du minimum de corrections de spectre et de dynamique à l’enregistrement qui du coup, reste intègre, droit, (on évite la distorsion de phase due aux correcteurs) et se mélange infiniment mieux aux autres éléments de l’arrangement. La deuxième bonne raison de prendre droit est qu’il s’agit d’un excellent témoin de votre qualité de prise. Si ça sonne et que ça rentre dans l’arrangement lorsque les pistes sont droites, vous êtes certain que cela fonctionnera au mix ! La dernière cause de ce choix, et non la moindre, tient dans le fait que vous pourrez facilement revenir sur vos options de prises et si vous souhaitez un son très produit, libre à vous de le fabriquer sur la section monitoring et d’en conserver les paramètres en vue du mixage ; les avantages sans les inconvénients!
La gestion des gains
Je m’efforce de régler mes gains sur le jeu réaliste du musicien. Par exemple, si je souhaite travailler ma grosse caisse, après avoir demandé quelques coups en solo pour apprécier mon gain, je vais très vite demander un tempo simple sur l’ensemble « Grosse caisse / charley / Caisse claire ». Pendant que je me mettrai en PFL sur chacun des éléments afin de les régler, le batteur sera pour sa part déjà dans une logique musicale et le moment sera ressenti comme beaucoup moins fastidieux pour lui.
Que nous soyons en train de travailler sur une console virtuelle ou sur une surface physique, (clairement beaucoup plus adaptée à la prise !), il est important d’adopter une méthode et de s’y tenir. Quel gain dois-je viser à l’entrée de mon préampli ? A défaut de sonner comme leurs ancêtres analogiques, les chaines de prise de son numériques sont propres et il vaut bien mieux calibrer en se laissant une bonne marge de travail, (rappelez-vous, 8 à 10 dB ne représentent qu’un peu moins de 2 bits sur vos 24 disponibles). Très logiquement, le batteur « appuiera » un peu plus lorsqu’il sera dans le contexte de l’enregistrement. Il peut avoir besoin de nuancer un passage et de se lâcher sur un moment du titre. Le clip, (la saturation numérique) est sans appel et… très laid. Il est donc indispensable d’observer une marge de sécurité.
Plusieurs méthodes existent mais pour ma part, je m’efforce de régler mes gains de façon à me retrouver équilibré avec mes faders à zéro et en gardant un headroom suffisant pour que mes peaks ne dépassent pas -6dB fs.
La console est ainsi plus visuelle et il est beaucoup plus simple de rattraper une position de balance « au repos » qu’on aura voulu modifier ponctuellement. Un exemple ? Si tous mes curseurs sont à -5 et que j’ai besoin de baisser mon couple, ou au contraire, d’évaluer ce qu’il apporte en l’exagérant un peu, il sera très facile pour moi de le faire et de revenir rapidement à une position que je n’aurais pas eu besoin de mémoriser. Je réduis ma marge d’erreur et je me facilite la vie ! A propos de couple, si votre console dispose de tranches stéréo, préférez-les pour ajuster le coupe-bas, le gain ou la couleur d’un couple, c’est tellement plus pratique !
Ma console fétiche, la CS2000 d’Euphonix! Cette analogique à commande numérique permet de coupler tous les types de réglages en stéréo et à l’image d’une numérique, de copier, coller et « recaller » instantanément toutes sortes de settings!
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C’est ta longue expérience, au demeurant très intéressante., qui parle.
Commentaires bigrement intéressants, qui ne sont pas sans me rappeler les années d’ingé son dans le spectacle!
Nous avions d’ailleurs, à ce titre travaillé ensemble au festival de Lorient…..il y a de cela une trentaine d’années !!
Tu mixais alors dans un des premiers car numérique !!
Bon vent à toi et au plaisir de continuer à lire les fruits de ton expérience
Amicalement
Bruno LEVRON