Voilà… 2018 est là… nous pouvons reprendre le rythme !
Tout d’abord, bien sûr, tous mes vœux pour cette année qui sera sonore et musicale pour vous, je l’espère !!
Notre petite séance voix est en cours… parlons rythme et méthode
De par son rythme qui peut inclure la répétition de très courts passages et de nombreuses coupures, l’enregistrement peut également constituer par lui même un formidable filtre à émotion. Le challenge consiste donc, pour le réalisateur, à capter un maximum de « matière » dés le début. Je peux vous assurer qu’il vaut mieux avoir enregistré une voix magique avec un micro basique ou en cours de réglage, que d’avoir pris une voix insipide avec un U47 à lampes et un préampli de rêve!
Il me reste des souvenirs émus de ma collaboration avec Ray Charles, par exemple : lors de balances, avant même que son micro ne soit réglé ou même équilibré, sa présence vocale était telle qu’il pouvait nous faire pleurer en chantant a capella.
Bien sûr, tout le monde n’est pas Ray Charles mais, afin de capter cette émotion ou même de simplement lui donner une chance d’exister, ce même réalisateur ou producteur devra déceler le rythme de fonctionnement de l’artiste en devinant son fonctionnement et son type d’énergie: Fait-il partie de ceux qui donnent le meilleur d’eux-mêmes dés la première note ?
D’autres vocalistes en revanche, auront besoin de faire et refaire avant d’atteindre ce qu’ils visent. Ils n’hésiteront pas à découper le titre en tous petits fragments qui devront être parfaitement exécutés avant de pouvoir passer au suivant ou ils souhaiteront exécuter tous les couplets dans un premier temps afin de conserver le même type d’énergie. Bien, mais il s’agit simplement de leur objectif, de la manière dont ils envisagent la méthode de travail. Ont-ils réellement les capacités physiques et psychologiques qui leur permettront de résister à la fatigue, à l’érosion de l’envie, un titre joué en boucle finit par user son interprète et ses auditeurs ! J’ai souvenir d’artistes reconnus qui s’obstinaient à chanter jusqu’à l’usure et qui n’auraient volontiers conservé que la dernière prise… Heureusement pour eux, nous conservions beaucoup de versions précédentes que nous pouvions leur proposer comme alternatives lorsqu’ils étaient objectivement sortis du contexte de la performance ! Là encore, le réalisateur doit arbitrer et gérer ces différents paramètres afin d’équilibrer la séance de prise et d’en obtenir le meilleur. On le voit, la direction de voix constitue un art à part entière.
Nombre d’entre vous exercent sans doute leur talent d’apprentis ingénieurs du son dans le cadre d’auto productions ; il est donc probable que vous ne bénéficierez pas des services d’un directeur artistique ! Il y a pourtant une leçon à tirer de tout ça ! Nous touchons au débat de fond qui accompagne l’éclosion des « home studios » : les limites du travail « en solo » ! Si vous le pouvez, faites-vous aider par un musicien dans les moments d’enregistrement, de choix et de compilations de vos voix. Trouvez la personne de confiance qui saura vous guider dans le choix de vos prises, dans le niveau d’exigence que vous vous fixez. Vous aurez toujours la possibilité de compiler les différentes prises effectuées et vous resterez l’arbitre final ! Mais gardez en tête qu’il est toujours très difficile d’être à la fois juge et parti et… impossible d’occuper seul les rôles qui se situent des deux côtés de la vitre ! Lors d’un tout prochain rendez-vous, nous examinerons la prise de son du chant sous l’angle technique, cette fois !