Les paramètres de la compression

Il y a beaucoup de manières de compresser un signal et le hard-processing d’écrêtage d’un limiteur de fin de chaine mal réglé n’a pas grand chose à voir avec le subtile petit effet de rebond que l’on peut obtenir sur une guitare rythmique, par exemple.

Regardons donc tout d’abord les différents ajustements que nous avons à notre disposition.

Tout d’abord, le réglage du seuil : Comme son nom le laisse penser, le seuil ou threshold, en anglais, établit le niveau à partir duquel on déclenche la compression. Les niveaux dépassant celui-ci seront donc affectés par le traitement choisi. Le signal qui n’atteint pas ce seuil reste intact.

Mais… tout n’est pas si simple car il faut intégrer le complément indispensable de ce paramètre de seuil, « l’arrondi » ou knee en anglais

Il s’agit en fait d’ajuster la jonction entre le signal linéaire et le signal traité. Traditionnellement, les compresseurs analogiques arrondissaient leur entrée en action en compressant progressivement. Ainsi, avec un seuil réglé à -10dB, vous n’obteniez pas tout de suite le ratio de compression nominal. Il faut bien reconnaitre que le « soft knee », ou « arrondi doux » est plus musical car plus souple. En revanche, il peut arriver que nos besoins soient plus précis et que l’on souhaite entendre et régler très précisément ce point de compression… Un « hard knee » ou « seuil dur » devient alors préférable. Les compresseurs logiciels permettent une amplitude d’ajustement plus grande pour ces paramètres.

 

Un peu plus mystérieuse… la prélecture, ou prédétection – quelquefois appelé Look-ahead

Inspiré du système autrefois réservé à la gravure des vinyles, (à l’aide d’une tête de prélecture, située largement en amont de la tête de lecture, il fallait alors anticiper l’amplitude  du signal afin de gérer la largeur du sillon), ce  processus est désormais disponible sur les plug-in afin de traiter les signaux enregistrés. Grâce à lui, au prix d’une petite latence supplémentaire, votre compresseur ne se fera jamais « surprendre » par un front de modulation, (transitoire) trop rapide… même avec une attaque lente ! Il permet ainsi un compromis idéal entre les temps d’attaque et l’effet musicalement recherché. Le réglage utlime, le « Brickwall », ne laisse rien passer en ajustant pré-délai et temps d’attaque nul. Le temps de prélecture s’évalue souvent directement en échantillons.

Le ratio

Il fixe le rapport de gain entre la dynamique du signal d’entrée et le signal traité à la sortie du compresseur (input/output) pour un signal dépassant le seuil de compression. Par exemple, un ratio de 4:1 signifie qu’un signal entrant, au-delà du seuil de compression, verra sa dynamique réduite par un facteur 4 (input=20dB de dynamique au-dessus du seuil, output=5dB de dynamique).

Quelques cas particuliers de ratio

Au-delà d’un facteur de 10:1, on se rapprochera des caractéristiques d’un limiteur (ratio infini), qui délivre donc un signal « plafonné ». A l’inverse, un ratio négatif 1 :2, définira un traitement d’expansion.

L’enveloppe ou « Attack/Release »

L’attaque d’un compresseur est un paramètre crucial. Ajusté sur un temps court, il sera plus audible mais plus efficace avec une réactivité accrue alors qu’un temps d’attaque long sera perçu comme plus naturel mais laissera passer certaines transitoires.

Le release, (relâchement) subit les mêmes règles. Il régira le temps que le compresseur met pour revenir au repos, à son état initial. Le tempo d’un titre, le type de spectre, (les enveloppes graves doivent être traitées plus lentement), et d’enveloppe du son lui-même doivent vous guider sur ce point. Bien entendu, dans le cas de temps long, les transitions sont mieux aménagées et les brusques variations de gains sont évitées. Le pompage que l’on obtient avec des réglages extrêmes peut également être voulu. Certains genres musicaux en sont friands. (Electro, techno, etc…)

Une attaque de 10 millisecondes ou inférieure peut être considérée comme courte et un relâchement dont la valeur est supérieure à 100 millisecondes est long.

Il faut noter que de nombreux compresseurs possèdent des réglages d’enveloppes et de gains automatiques. Elles prennent en compte la quantité et la qualité de signal traité en l’analysant en continu et donnent d’assez bons résultats sur des signaux complexes.

La détection peut s’effectuer en mode « Peak » ou en mode « RMS ». Dans le premier cas, la détection de crêtes de signal pourra occasionner de brusques modifications du gain. Plus audible, ce mode est également plus réactif. En mode RMS, c’est le niveau moyen qui est pris en considération et ce traitement s’avère souvent plus naturel !

La compensation de gain ou Make-up

Eh oui, qui dit compression dit perte de gain. Un compresseur est donc presque toujours équipé d’un étage de compensation de gain. Autorisant également un gain négatif et bien ajusté, il vous permettra entre autres de bien comparer un signal traité avec l’original sans qu’une différence de niveau ne vienne perturber votre jugement !