Pierre Jacquot : L’ingénieur du son tout terrain
Pierre Jacquot a enregistré en studio quantité d’albums, sonorisé encore plus de concerts et mixé pour la télé une multitude de direct live comme on dit sur Canal+. Ingénieur du son polyvalent, il est un cas à part dans une profession où la spécialisation est souvent synonyme d’excellence. Rencontre avec un talentueux touche-à-tout.
Né à la fin des années 50 dans la région lyonnaise, Pierre Jacquot a passé ses premières années en Angleterre d’où son excellente maîtrise de la langue de Shakespeare. « Ça n’a l’air de rien, mais ce détail a été un plus dans ma carrière professionnel » reconnaît cet ingénieur du son réputé des deux côtés de la Manche. « Musicien classique de formation, il découvre le rock à l’adolescence. « Plutôt que de passer le bac, je suis parti en tournée en Angleterre avec la bande de copains avec qui je jouais. Cela a duré deux mois. A mon retour en France, comme j’avais provoqué tout le monde en lâchant les études, j’ai dû faire mes preuves et vite ». Son désir : être arrangeur. Pour cela, il commence par traîner les studios d’enregistrement où il se découvre une attirance particulière, un goût pour la technique. Sa vie, il la passera derrière les consoles.
Un caméléon toujours à l’affût
A Chalon-sur-Saône d’abord, où il monte avec l’aide de ses parents un premier studio, puis durant 4 ans au Studio d’Auteuil dans la capitale mais aussi dans la campagne anglaise, où il pose ses micros dans le tout nouvel équipement du musicien et producteur Peter Gabriel, Pierre Jacquot devient un véritable « ingé son » comme on dit dans la profession. « J’ai eu le bonheur de faire des rencontres qui m’ont toujours permis d’aller de l’avant » avoue-t-il humblement. Ces opportunités, Pierre Jacquot a toujours su les saisir,. « Lors de ma première expérience de sonorisation de concert avec l’Orchestre National de Jazz, j’ai dû apprendre la sonorisation que je pensais connaître. C’est un métier de malin où il faut savoir s’adapter. ». Tel le caméléon, Pierre Jacquot s’acclimate au milieu dans lequel il évolue. Il travaille durant de longues années avec Michel Legrand, Ray Charles, Dee Dee Bridgewater, Catherine Lara… « Ça n’est pas toujours simple, mais tellement enrichissant. Ce sont des vraies personnalités avec lesquelles j’ai dû inventer un mode de dialogue fait d’irrévérence respectueuse » relate un sourire au coin des lèvres celui qui assure tous les prime-times de France 2 dès qu’il y a des musiciens à sonoriser. « Mon truc » commente-t-il « c’est une alliance de technicité, de démerde et de relationnel. Je suis comme un musicien qui puise dans ces différentes activités une sorte d’équilibre et de complémentarité. Ma façon de mixer en studio a évolué depuis que je fais de la scène. Même si je travaille dans le high-tech, je suis un artisan, un peu comme mon grand-père qui était lui, menuisier. Je forme des gamins et quand je lis leurs noms au dos d’un CD ou au générique d’une émission, je suis fier. ».