Reprenons notre interminable liste de petits problèmes à solutionner… avant de mixer, bien sûr! Aujourd’hui, voyons la diaphonie acoustique ou « repisse » (moche comme nom, vous ne trouvez pas ?) Il s agit de la quantité de son qui arrive au micro sans lui être destinée ! Un enregistrement de batterie est, par définition, envahi de «repisse» et il faut faire le son d’un élément en tenant compte d’autres capteurs qui reçoivent une quantité non négligeable de cet élément ! Un enregistrement classique est un gigantesque empilage de micros qui « repissent » les uns dans les autres. Faute de pouvoir l’éviter, il faut s’assurer de compatibilité et de la relative mise en phase des capteurs afin qu’ils ne se « contredisent pas » . Nous reviendrons plus longuement sur cette notion qui ne peut se survoler en quelques lignes mais grossièrement, deux facteurs sont à prendre en compte. La distance qui sépare deux micros captant la même source, (cela se traduit en « temps »)  et l’affaiblissement de la source parasite qui lui aussi, est conditionné par la distance mais aussi par la directivité, la nature ou la sensibilité des capteurs eux-mêmes!

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Dans cet exemple de « miking » d’une Batterie, il est facile de comprendre que le son du tom basse va « arriver » à des instants divers et variés aux différents capteurs. Si le micro de HH, (en T5) est le plus éloigné – et donc également le plus « retardé » -, il recevra également le son le plus atténué. La diaphonie sera négligeable, dans ce cas!

decalage-mics-grosse-caisseLes deux micros de grosse caisse (In et Out), vont ainsi capter la matière à deux moments différents. Dans ce cas, soit on décide de faire un son de la somme de ces deux signaux et il faut « faire avec » leurs décalages de phase, soit on les spécialise un peu chacun d’entre eux dans le spectre afin d’éviter les juxtaposition hasardeuses, soit encore… 

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On les recale: on les remet en phase… A essayer, en tout cas! Vous observerez qu’en jouant sur le paramètre temps de l’une des pistes, vous obtenez toutes sortes de couleurs sonores. 

Pour finir avec ce cas compliqué que constitue la batterie, au mixage, seul le suivi et le découpage de certaines pistes sont réellement efficaces. Travail de fourmi! Je garde un souvenir ému des toms que nous traitions avec noise gates et expanders dans les années 80, (surtout avec les outils de l’époque!) Le remède était pire que le mal! Il faut en fait s’efforcer de faire le son des éléments d’une batterie, tous capteurs ouverts… Faire en sorte que les micros servent « d’ambiances » les uns aux autres pour ensuite effectuer ce fameux et indispensable suivi!

L’autre réel moyen de parer à ce genre de difficultés à la prise est d’utiliser des capteurs d’ensemble tels que des couples ou arbres et se fixer une limite de niveaux possibles pour les éventuels appoints, (20 ou 15 dB en dessous du couple principal représentent en général une bonne moyenne). Dans le cas d’une batterie jazz, par exemple, je m’efforcerai de la capter avec un couple ORTF et un micro de grosse caisse! Le couple aura le mérite de situer parfaitement l’instrument dans le champs stéréo et les appoints ainsi contrôlés ne déstabiliseront pas l’image.

Bien sûr, si on parle d’un orchestre, un ensemble de paravents, l’isolation dans des cabines séparées minimiseront ce phénomène L’arme absolue ? L’enregistrement individuel : difficile de demander à un batteur de jouer ses éléments l’uns après les autres et… encore plus difficile à appliquer dans le cas d un orchestre symphonique !

Dans les ensembles également, moins il y a de micros, mieux ça sonne!