Il n’est sans doute pas inutile de revenir sur la notion de dynamique. Lorsqu’on pense que l’oreille peut accepter des niveaux qui varient de 1 dB SPL, (le minimum audible) à plus de 120, (seuil communément admis comme étant celui de la douleur !)…et que la plupart de nos enregistrements tiennent dans une quarantaine de dB dont 15 à 20 dB contiennent l’essentiel du message…

 

 

 

il paraît essentiel de bien comprendre le processus de réduction de la marge dynamique!

Sans doute le plus répandu des traitements dynamiques, la compression est donc aujourd‘hui omniprésente. Avant d’en détailler le processus, révisons un peu ce que nous devons savoir sur le sujet !

La notion de dynamique… tordons le cou à une confusion trop répandue.

Dans le domaine de l’acoustique, elle se réfère souvent au niveau maximum qu’une source est capable de générer et donc, au niveau sonore de cette source. En revanche, lorsque l’on parle d’un appareil audio ou d’un support d’enregistrement, on évoque l’écart entre le niveau maximum admissible et le bruit de fond propre de l’appareil. On voit bien que d’une certaine manière, ces deux définitions s’opposent.

Un exemple ? J’entends fréquemment des clients me demander « plus de dynamique » sur un mastering, alors qu’ils souhaitent élever le signal moyen perçu (RMS) et donc une réduction de l’écart entre les niveaux faibles et forts et… de fait… une réduction de la dynamique réelle! Un comble, non ?

 

Histoire et dangers de la compression

 

Un autre paradoxe issu de cette gigantesque confusion consiste dans l’amélioration permanente des capacités de nos supports alors que nous assistons à la réduction forcenée de la dynamique réellement exploitée.

 

Tout d’abord destiné à obtenir de meilleurs rendements pour les radio-émetteurs hertziens limités en puissance, (et oui, si votre dynamique utile est réduite, « elle voyage » plus loin à puissance électrique équivalente !), La compression musicale fit son apparition dans les années 1960 afin de modeler le son des guitares rock et des voix que la batterie couvrait. Les publicitaires on vite compris qu’elle permettait de faire émerger leurs spots dans le niveau moyen des diffusions radiophoniques et télévisuelles. Désormais, il est inconcevable de s’en passer. Même la musique classique l’a adoptée, avec modération certes… mais elle est bien là. Ne nous y trompons pas, le principe est addictif car il modifie fondamentalement notre façon d’entendre et même de jouer la musique! Les nuances sont estompées au profit du rendement. Même à bas volume, le message émerge facilement des bruits ambiants et l’auditeur ne doit plus intervenir que pour régler un niveau moyen d’écoute ! On peut se poser la question des conséquences physiologiques et même médicales de cette omniprésence ! On manque encore de recul sur la question mais nombreux sont les spécialistes qui s’alarment du fait que la compression supprime les silences et donc les respirations, les « instants de repos » pour le cerveau, provoquant ainsi une fatigue auditive excessive et permanente.

Les raisons fondamentales sont donc marchandes et deviennent, de facto, culturelles et donc esthétiques. Un microsillon pouvait espérer au mieux 50 à 55 dB de marge dynamique utile, (lorsqu’il était neuf et bien gravé), un CD offre une dynamique de 96 dB, un fichier 24 bit, de 144 dB, (la règle est simple : 6dB par bit supplémentaire !). La norme qui s’applique aujourd’hui à la musique « amplifiée moderne » exige un niveau RMS supérieur à -10dB et sous entend un marge dynamique réelle du message mixé-masterisé de moins de 15 dB !! Cherchez l’erreur !

Nous parlerons donc ici de la dynamique au sens véritable du terme. La compression est donc un outil qui vise à son aménagement par réduction de l’amplitude dynamique.